la Bête sauvage
débridée et insatiable
c’est l’image choisie par Hegel
pour désigner la société civile lorsqu’elle n’est plus qu’un marché
lorsque se réalise l’hégémonie du libéralisme
ou néo libéralisme
Michel Clouscard (1928-2009) est un sociologue et philosophe française. Il a fait une critique radicale du libéralisme en prenant en compte les changements de processus de production.
Second volet d'un triptyque comprenant par ailleurs Le Capitalisme de la séduction et Critique du libéralisme libertaire, Michel Clouscard se propose ici d'« étudier par quelle stratégie le capitalisme a produit la société civile, ce que Hegel appelait la Bête Sauvage : une société qui n'est plus qu'un marché ».
Sous de Gaulle, le capitalisme d'État permet à la France de développer son infrastructure, et une politique de distribution des profits donne aux ménages la possibilité de s'équiper, créant « l'environnement qui permet aux vertus ménagères de se déchaîner, à l'enfant de bien travailler dans son coin, au père de se reposer ». Ceci fait, le capitalisme a besoin d'un nouveau marché.
Le temps libéré par la mécanisation et par l'équipement des ménages deviendra sa cible : ce sera le tournant de la société des loisirs servie par l'idéologie du désir. Mais il faut pour cela passer du sérieux incarné par de Gaulle, au frivole : ce sera le rôle de Mai 68 qui mettra au pouvoir Pompidou le libéral et les idées de Cohn-Bendit, le libertaire.
Dès lors, l'appareil d'État n'est plus l'émanation de l'État - qui de répressif devient permissif - mais du grand capital.
La liquidation des valeurs traditionnelles devient nécessaire ; le gauchisme sera « l'instrument privilégié de cette opération : toute morale sera dite réactionnaire, ce qui permet de ridiculiser la résistance populaire, du travailleur chef de famille. »