reconnaître
la beauté du Cosmos
induit la volonté d’en participer
et permet la puissance de la joie créative
Spinoza
Nietzsche
Debord
le monde n'est jamais monde qu'en cet instant
je marche sans but
pour le plaisir du mouvement
pour l’espace qui s’ouvre sous mes pieds
la marche n’a pas besoin de raison
c’est une fin en soi
je suis celui qui marche
et dans la marche
il n’y a que le fait de marcher
pas de destination
la marche est le chemin et le chemin est la marche
chaque pas est identique et différent
chaque pas est neuf et ancien
chaque pas répète le pas précédant mais
chaque pas reste unique
un passage
un monde
l’individu communauté connait la beauté du Cosmos comme le partage et expérimente le sentiment de déploiement de la temporalité immobile
mythe de Sisyphe
ralentissement
éternel retour
je suis celui qui marche sans penser
je marche et je deviens la marche
mon corps suit le mouvement
les pieds se posent sans que j’y pense
les jambes avancent sans réflexion
la marche est l’absence de pensée
c’est être là sans y être
c’est être ailleurs en étant ici
la beauté du monde est sacrée
c’est cette sacralité qui s’exprime dans les sentiments
d’appartenance à l’Être
je suis celui qui marche et qui pense sans penser
qui pense par les pieds
par les jambes
qui pense par le corps en mouvement
quand je marche
je suis dans le rythme
dans le battement
dans la répétition
la marche est un poème sans mots
une mélodie sans son
un rythme sans mesure
je suis le marcheur
le pas après le pas
le pied devant le pied
la mesure de la marche est le battement des pieds sur le sol
la marche est un passage
chaque pas est une ligne du poème
une phrase qui s’écrit et s’efface aussitôt
chaque pas est un mot qui se dit sans voix
je marche et le chemin devient le texte
et la marche devient l’écriture
quand
je marche
je vais quelque part sans y aller
le quelque part est à chaque pas
le quelque part se déroule sous moi
la marche est
une écriture continue
une écriture sans fin
une écriture de l’instant qui s’efface dans l’instant
je marche et je marche encore
c’est toujours
le même mouvement
le même rythme
pourtant chaque pas est une nouvelle ligne
chaque pas est un nouveau début
le même début qui recommence