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Anaximandre
ami de Thalès et représentant
le plus notable de l’école milésienne,
qui introduisit en philosophie les concepts de principe, d’élément et d’Illimité, était à l’époque de Platon tombé dans l’oubli. C’est à la curiosité d’Aristote, puis après lui aux soins de Théophraste et des doxographes, que l’on doit les fragments qui subsistent de son œuvre. Mais, du même coup, l’orientation unique des témoignages qui le concernent, fait naître des soupçons sur la signification de son entreprise philosophique. Il paraît évident qu’Anaximandre a formé l’idée que le principe est illimité. Mais dire que tout vient de l’Illimité et que tout y retourne, n’indique pas la cause ou la nature des mouvements qui font que l’Un devient multiple et que les multiples retournent à l’Un. En effet si ces changements sont « l’effet du mouvement éternel », il faut alors considérer que le vrai principe est ce mouvement éternel. Toute la question est alors de savoir si le système d’Anaximandre est un monisme affirmant le caractère causal unique de l’Illimité, ou au contraire un dualisme.
Il faut bien voir que si l’on accorde au décret de la Nécessité la valeur de cause formelle, motrice ou finale, du mouvement, ce qui revient à en priver l’Illimité, cela veut dire que l’Illimité n’est pas le principe unique, ou encore que l’Illimité ne saurait avoir d’existence en acte, pour parler comme Aristote. La question, évidemment majeure pour la philosophie, est celle de savoir si un monisme matérialiste est soutenable.
Dans les développements conservés de son œuvre, Anaximandre, aussi bien comme géographe que comme cosmographe ou biologiste, paraît avoir manifesté un grand souci de rationalité. Ce savant qui fut le premier à dresser une carte de géographie, à construire un cadran solaire, et qui découvrit le zodiaque, est aussi celui qui eut le premier l’intuition que l’apparition de l’homme sur la Terre était le résultat d’une lente évolution biologique qui nous assigne le poisson pour ancêtre.
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