Michel Onfray
La Sagesse des abeilles
Première leçon de Démocrite
Papiers dessinés originaux de Robert Combas
Galilée
La Sagesse des abeilles commence sur la tombe d’un père mort et se termine dans les astres, en passant par un trajet vers l’étoile polaire, une naissance dans un quartier de bœufs décomposés, une réincarnation d’hommes doux, l’âme d’un mort comme condition de possibilité de l’éloquence d’un fils, une méditation sur le cosmos et les figures du destin, une anti-fable des abeilles, une cérémonie orgiaque destinée à des initiés, des libations en l’honneur des solstices, une célébration des républiques de ces mouches à miel, une généalogie du mal, une leçon donnée par un essaim…
Sur le mode lyrique et poétique, ce texte, destiné à une mise en scène théâtrale réalisée par Jean-Lambert-wild à la Comédie de Caen, prend place, après Le Recours aux forêts, comme la première leçon d’un Démocrite ayant commencé à scruter le ciel pour y trouver les leçons données par le cosmos aux hommes.
Cette sagesse donnée par les abeilles invite au surhumain – qui est tout simplement connaissance du rôle architectonique de la volonté de puissance, amour de ce savoir et, de ce fait, obtention d’une jubilation qui sauve du nihilisme.
*
La neige recouvre la tombe de mon père.
Le silence du cimetière n’est pas celui de la mort
Ni de sa mort,
Mais celui de l’hiver.
La mort est blanche.
Sous le noir de la pierre devenue blanche
Mon père retourne à la terre,
Il me précède.
Dans l’air blanc
Sous le ciel blanc
Mon être blanc flotte vers son âme blanche.