j’ai
le sentiment que les autres
ont raison
de
n’être pas de mon avis
de
n’être pas moi
de ne pas
m’accepter tout entier
avec quoi fait-on
la morale et la science et les lois
de la vie
?
toujours
avec le désespoir des autres
je me représente le livre comme
un bâtiment
une page est une pièce.
la couverture est la façade
si ceux qui suivent sont les seuls mots de la page :
aime un peu
alors
il n'y a rien d'autre dans cette pièce
tu peux t'arrêter là pour y penser
ou passer ton chemin
les images dans d'autres pièces
éclaireront les images dans d'autres pièces encore
pas du tout
il ne s'agit pas
de prose
mais
de poésie
et pas de poème isolé
mais
de recueil
ou
suite
le lecteur que je suis
et tente de suivre à la trace
n'a rien d'
un érudit
il aurait plutôt tendance
à n'être qu'
une ombre passante
et qui divague
un peu trop à sa guise
s'il lit
c'est toujours pour s'égarer dans des jeux de lecture
qui l'amènent immanquablement à douter
de l'existence de sa propre personne
de lecteur
aussi est-il en droit de se demander
s'il a vraiment lu ou seulement
cru lire
?
sur sa lecture
si révélante qu'elle ait pu être
plane toujours l'ombre d'
un doute
et dont il ne parvient pas
à se défaire.
A-t-elle bien eu lieu ?
en dernier recours
et pour dissiper toute incertitude
il ne lui reste plus qu'à interroger ses mains
savoir
s'il brûle ou gèle en tenant
un livre en main