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« J’ai composé ces Notes d’hôtel au repos, bien longtemps après avoir vécu ce que j’y conte comme une suite discontinue de kodachromes, et sans sacrifier à la chronologie : ce ne sont pas mes mémoires.
Ma mémoire procédant par association d’images reçues comme automatiquement, tel que poète - chemineau j’ai toujours par ailleurs écrit ma poésie dans de petits carnets, ou sur des rubans de papier kraft, au saut du lit ou du camion, assis sur un rocher ou un serpent, écrivant sur mes genoux ou dans ma tête. »
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80. LES VOSGES, cette année-là très enneigées, mais notre auberge n’a ni skis, ni raquettes, et tant pis, j’emmenais ma fille en bottes, par les sentiers forestiers. Quand survient une tempête de neige, il faut rentrer, par des prairies, mais nous n’y voyons rien. Et puis, un énorme, de sa masse de laine enneigée, bélier de s’improviser notre guide, et ma fille à peine douze ans, déjà nous voyait doublement perdus. Marchant, tant pis derrière le bélier, dans ses foulées, nous arrivons à une ferme qui nous apprend qu’elle est celle-là même où est né mon grand-père, à Labaroche, près d’Orbey, et où il n’est jamais revenu, ni aucun de ses descendants, sauf la petite métisse et son père voyageur. »
.Notes d’hôtel,
Louis-François Delisse,
Apogée,
Collection Piqué d’étoiles, 2007
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