Notes de ma cabane de moine, lecture
Comment puis-je employer un temps si précieux à raconter des satisfactions inutiles ?
Lorsqu'au matin paisible j'approfondis ces pensées, je me dis à moi-même : Si tu as quitté le monde, pour te réfugier dans la montagne au milieu des bois, c'est pour parvenir à la maîtrise de toi-même, et suivre la voie du Bouddha. Et cependant si tu as l'allure extérieure d'un moine, ton coeur reste souillé. Ta demeure ressemble bien à l' ermitage de Jôymyo-koji, mais ton observance n'arrive même pas à imiter les actions du pauvre Shûri-Handoku. Est-ce ma condition misérable qui serait cause du trouble de mon coeur, ou bien le feu des passions qui produirait cette folie ? Quand je me pose de telles questions, mon coeur n'a pas de réponse, mais il se contente de faire mouvoir sa langue pour trouver une échappatoire dans la récitation de deux ou trois prières.
Moi bonze Ren'in, j'ai écrit ces pensées dans l'ermitage de Toyama, vers la fin du troisième mois de la deuxième année de l'ère de Kenryaku [1212].
La lune brille, mais il est triste de la voir disparaître derrière les monts.
Puissions-nous voir la lumière éternelle !
Kamo No Chômei
L.A.Photographies aux traits,
sur la grande tourbière des Saisies, novembre 2011
source texte édition le bruit du temps
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