c’est tout comme est une somme de comme
que l’auteur a glanés chez les poètes francophones
d’hier et d’aujourd’hui
puis agencés
c’est tout comme
tend à dépeindre l’existant par l’entremise
d’une suite en apparence sans fin d’analogies
c’est tout comme
est un poème en vers libres
c’est tout comme
est le fruit
d’une collecte
de comme réalisée au gré
des recherches
des lectures et
des déplacements
de l’auteur
comme des abricots secs dans des bouches de mémés sans dents
comme des agents de police au-dessus de la mêlée
comme des agneaux dans une prairie couverte de linges
comme des aigles face au vide
comme des aigrettes
comme des ailes de paillettes
comme des aliens qui poussent dans nos bas-ventres
comme des alpinistes
comme des amants alentis ou des poissons à l’étal
comme des anchois
comme des araignées
Ça ne devrait pas avoir de fin, comme une éternité d’écriture. « C’est tout comme » de Johan Grzelczyck demande une étrange lecture, puisque la forme même, à la fois toute en rupture et en continuité, induit de ne pas lâcher le livre avant sa fin actuelle — actuelle comme si dans la logique des « Données du réel », ce livre pouvait avoir plusieurs tomes.
Donc lire en continu, ainsi laisser advenir de « comme… » en « comme… » des fragments de récits/de monde contenus dans chaque occurrence de « comme », rompant par là-même la continuité de la lecture, convoquant ainsi des immensités repliées, portant traces de leur contexte d’origine, modifiant ce qui précède comme ce qui suit.
Il y a quelque chose de vertigineux à ainsi passer d’un univers à l’autre : « comme des biftecks à la gueule des bâtiments / comme des bleus raisins / comme des blocs d’ombre / comme des boîtes de cartouche… » ou « comme un corps inhabité et commun à tous les désirs / comme un corset d’épines / comme un cou, comme un couteau, comme un couteau infini plongé dans un cou infini »
Simplicité du procédé qui pour autant tresse des complexités, ce qui permet de traverser des mondes, d’en être traversé de vers en vers. À peine quelque chose s’évoque qu’on passe à une toute autre matière de sens, chaque « comme » est ainsi une sorte de condensé d’événements ou de sensations, ce qui arrive peut arriver est arrivé est rêvé est pensé n’est pas pensé est traversé traverse.
ni fait ni à faire quelque part sous la stratosphère