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La nuit dernière est venu
le grand chat gris de mon enfance.
Je lui est raconté
que le bruit me persécute.
Il a posé sur moi,
lentement, intensément,
son regard d'animal et de compagnon.
« “Être dans le bruit”. Telle est la consigne. [...] “Le monde sera bruit ou ne sera pas" », dénonce le narrateur-sans-nom, le silenciaire du roman. Du bruit, il dit encore qu’il asservit, qu’il corrompt l’être, qu’il est un instrument-de-non-laisser-être. Entre un monde voué au bruit et le protagoniste, le conflit est donc irréductible.
Fuyant les bruits de la ville qui le persécutent jusque dans sa chambre, le narrateur-sans nom entraîne sa mère et son épouse dans la vaine et interminable quête d’un lieu inaccessible au son. Il a beau affirmer qu’à l’inverse de son grotesque et tragique ami Besarión il tient en bride aspirations et imaginations, qu’il s’acquitte des devoirs du foyer et du bureau, peu à peu les nœuds qui le rattachent au quotidien se défont. Le champ de sa conscience tend à se rétrécir jusqu’à ne plus laisser entrer – paradoxalement – que ce dont il a une crainte obsessionnelle, à savoir les bruits. Enfermée dans une perception monomaniaque de la réalité, s’égarant dans des ratiocinations compulsives, sa raison s’altère et chancelle. Cependant, pour malade qu’elle soit, la conscience du narrateur-sans-nom reste une conscience rebelle aux prises – et en prise – avec le monde.
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Parfois,
un marché secret
se conclut entre l'auteur et le lecteur
dès le premier paragraphe
à l'insu
des personnages
qui ignorent
que l'auteur
et son lecteur échangent
un clin d’œil amusé derrière
leur dos
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