Démocrite méditant
sur le siège
de l'âme
Léon-Alexandre Delhomme
dans le jardin du musée des beaux-arts
de Lyon.
Démocrite fut dans la Grèce antique un philosophe matérialiste fêté, qui parcourut le monde. Lors de son périple jusqu’en Inde, il a constaté la vilenie des hommes, à la suite de quoi il fit construire une petite cabane au fond de son jardin pour y finir en sage le restant de ses jours.
Je nomme tentation de Démocrite
et recours aux forêts
ce mouvement
de repli
sur son âme dans un monde
détestable.
Le monde d’avant-hier, c’est celui d’aujourd’hui,
ce sera aussi celui
de demain :
les intrigues politiques, les calamités de la guerre, les jeux de pouvoir, la stratégie cynique des puissants, l’enchaînement des trahisons, la complicité de la plupart des philosophes, les gens de Dieu qui se révèlent gens du Diable, la mécanique des passions tristes – envie, jalousie, haine, ressentiment… –, le triomphe de l’injustice, le règne de la critique médiocre, la domination des renégats, le sang, les crimes, le meurtre…
Le repli sur son âme consiste à retrouver
le sens de la terre,
autrement dit,
se réconcilier avec l’essentiel :
le mouvement des astres,
la logique de la course des planètes,
la coïncidence avec les éléments,
le rythme des saisons qui apprennent à bien mourir,
l’inscription de son destin dans la nécessité de la nature.
Fatigué des misères de ce temps qui sont les ancestrales souffrances du monde, il faut planter un chêne, le regarder pousser, débiter ses planches, les voir sécher et s’en faire un cercueil dans lequel on ira prendre sa place dans la terre, c’est-à-dire dans le cosmos.