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Hans Silvester
De l’âge de huit ans
jusqu’à la quarantaine,
les membres d’une dizaine de tribus,
Hammer ou Karo
se peignent le corps et les cheveux,
d’un rien,
d’une poignée de terre,
d’un mélange de beurre liquide et d’ocre,
de la poussière de bouse
de leurs vaches à longues cornes
ou des cendres anthracite
de leur feu de camp.
Une feuille d’arbuste,
des plumes de roseau blanc,
une grappe de baies jaunes,
un bout de calebasse brisée,
tout devient art et parure.
Les hommes marchent nus,
les femmes jamais,
le sexe couvert d’une ceinture
de perles de plomb,
ni puritains,
ni libertins.
Ils saignent leurs vaches,
en boivent le lait et le sang
cru et marchent en poussant
leurs bêtes,
parfois jusqu’à soixante
kilomètres par jour.
En sautant les frontières,
lance ou Kalachnikov sur l’épaule,
une peau de chèvre comme litière,
sur un réseau de sentiers
à travers une Terra Incognita
vaste comme deux fois la Belgique…
C’est là,
au bord d’une piste,
qu’Hans Silvester les a croisés :
Un choc profond…
dit le photographe,
D’où sortaient-ils ?
Aussi beaux,
avec cette capacité à inventer
l’art contemporain ?
Les Enfants-Fleurs de l'Omo
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