fleur sans fleur
brume sans brume
venant
à la mi-nuit partant au petit jour
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
Au fond, le livre est de l’architecture. Qui dit architecture, veut dire un édifice et un ordre, une demeure pour les dieux et pour l’homme, que ce soit une simple maison ou une basilique. L’église est une assemblée : la lecture en est une autre. Le livre est la maison de la pensée. Tout commence au monument et tout finit par le livre. La cité s’écroule, la ville disparaît et le livre demeure. Les édifices sont l’architecture de la matière : le beau livre est une architecture de l’esprit.
pour ceux qui
adorent
le soleil
il y a
des moments
d’extase que rien ne pourra
démentir
le vent
qui fait frissonner l'herbe à son gré
va et vient
certains
sont nés pour accueillir son message
d'autres pour le refuser.
chez ceux qui sont nés pour l'accueillir
on perçoit
un étrange
détachement
des consolations
d'ici-bas
le réel est un secret
ils le virent
de loin comme un feu simple et
droit parmi les bêtes
brutes
les falaises
contemplaient la mer avec compassion
je ne suis pas ici
pour bien ou mal faire ou pour
donner
des leçons
je suis ici
pour vivre
et j’ai
découvert où se cache le plaisir
de vivre
soliloques
d’
un ermite
les sens
plus que l'esprit ont
une intelligence qu'il sera utile
de
découvrir
*
instants
d'adorable silence
les hommes se sont tus
le chant
du monde s'élève et moi
enchaîné au fond
de la caverne
je suis comblé avant
d'avoir
désiré
l'éternité est là et moi je l'espérais
maintenant
je puis parler
je ne sais pas
ce que
je pourrais souhaiter
de mieux que cette continuelle présence
de moi-même à moi-même
j’aimerais sentir puissamment l’être
de toute chose et plongé
dans l’être
la vraie signification profonde
la hauteur des montagnes l’immensité de la mer le noir de la nuit la façon qu’ont les chevaux de regarder comment nos mains sont faites le parfum des œillets comment le sol se déploie en vagues en creux ou en dunes ou bien encore en falaises abruptes
partout dans toutes les innombrables choses de la vie dans chacune d’elles est exprimé de façon incomparable quelque chose qu’on ne peut rendre avec des mots mais qui parle à notre âme
et ainsi le monde entier est une parole de l’insaisissable adressée à notre âme ou une parole de notre âme adressée à elle-même
les mots ne sont pas de ce monde
ils sont un monde pour soi justement un monde complet et total comme le monde des sons
on peut dire tout ce qui existe
on peut mettre en musique tout ce qui existe
mais jamais
on ne peut dire totalement
une chose
comme elle est
mûrir n’est peut-être rien d’autre que ça
apprendre à écouter au-dedans
de soi jusqu’à oublier ce brouhaha
et même jusqu’à être capable
de ne plus l’entendre
à la fin
HVH
les mots ne sont pas de ce monde
la pluie cessait
j’avais soudain
la sensation absurde et en même temps extrêmement précise
que
le bois
était
d’une manière ou d’une autre
occupé
ce qui fait le prix du voyage
c’est la peur
c’est qu’à un certain moment si loin
de notre pays
de notre langue
un journal français
devient
d’un prix inestimable
Cahier I 1936 Aux Baléares L’été passé. 23 ans
*
déguster les trois tomes des Carnets de Camus c’est affronter les deux faces de son soleil invincible: l’or et le noir tout au long d’un défilé d’aphorismes et de pensées brillantes anecdotiques ou hermétiques
c’est également l’émotion de voir vieillir un homme de cœur ambivalent et évoluant dans toute l’Europe avant pendant et après la guerre de retrouver les bribes dialogues corrections et commentaires des œuvres qu’il crée parallèlement
on parcourt alors avec lui les années le cœur serré de voir se rapprocher la date fatidique de son accident regrettant de devoir laisser partir plus qu’un grand homme du siècle un confident un compagnon capable de parler à l’enfant l’adolescent et l’adulte réunis en nous
l’eau glacée
des bains
de printemps
les méduses mortes sur la plage
une gelée qui rentre peu à peu
dans le sable.
les immenses
dunes
de sable pâle
la mer et le sable ces
deux
déserts
*
je sais
ce qu’est le dimanche pour un homme pauvre
qui travaille
je sais
surtout ce qu’est le dimanche soir
et si
je pouvais
donner un sens et une figure à ce que
je sais
je pourrais faire
d’un dimanche pauvre
une œuvre d’humanité
on parle
de différents genres
de valeur
les valeurs économiques morales esthétiques religieuses…
mais ce que je cherche c’est la valeur
de la morale
de la religion
de l’art etc
la valeur
de la morale n’est pas elle-même
une valeur morale
ni la valeur
de l’art une valeur esthétique…
la pluralité
des choses qui ont une valeur n’entraîne pas la pluralité
des valeurs
linsi
la valeur n’a
de sens qu’au singulier
ce qu’il faut cherche
c’est ce qu’est cette valeur au singulier unique
que sont susceptibles
d’avoir toutes ces choses
Baléares
un baiser et la chaîne
des causes et
des effets
soudain s'emberlificote
en événements
du crépuscule
la nuit tiendra-t-elle les promesses
tel est le souci
d’Eros
scrutant l'ombre
d'un sourire elle le mena
du Portique au Jardin
*
journée traversée
de nuages et
de soleil
un froid pailleté
de jaune
je
devrais faire un cahier
du temps
de chaque jour