Sept propos sur le septième ange Michel Foucault
publié en 1978 aux éditions Fata Morgana est un texte rare et singulier dans l’œuvre de Foucault presque un objet poétique un fragment mystique plutôt qu’un essai philosophique au sens classique
ce petit livre ne relève pas du Foucault historien des savoirs Les mots et les choses Surveiller et punir ni du philosophe du pouvoir mais d’un Foucault écrivain proche ici d’un poète visionnaire
il s’agit d’un texte écrit pour accompagner des gravures de l’artiste Jean-Claude Béguin publiées par l’éditeur Fata Morgana maison connue pour ses ouvrages à tirage limité entre poésie et métaphysique
le ton est prophétique fragmentaire presque biblique Foucault s’éloigne de la démonstration conceptuelle pour s’abandonner à une parole inspirée hantée par la figure de l’ange
le septième ange
le chiffre sept renvoie à la plénitude
à la fin d’un cycle au moment où la révélation atteint son terme
dans la tradition apocalyptique
notamment dans l’Apocalypse de Jean
le septième ange sonne la dernière trompette
celle du dévoilement du jugement de la transformation du monde
chez Foucault cet ange n’est pas celui de la foi
mais plutôt
un symbole de la limite
le point où le langage
le savoir et la pensée se retournent sur eux-mêmes
le septième ange est celui du seuil de la fin des systèmes
il annonce la possibilité d’un autre mode d’être au-delà de la structure
au-delà du pouvoir
Le texte est visionnaire elliptique poétique
Foucault
s’y livre à une sorte de
prophétie du dehors
il évoque
des voix des souffles des mots
qui cherchent à dire ce qui ne peut plus être pensé par
les catégories de la raison
il écrit comme s’il franchissait la frontière
entre le discours et le silence
entre l’humain et l’inhumain
ce n’est pas une mystique religieuse mais
une mystique du langage
le moment où la pensée devient pure vibration pure parole
sans garantie métaphysique
la fin du savoir et la venue du silence
dans Sept propos sur le septième ange Foucault reprend
une obsession présente dans toute son œuvre
la limite du savoir
la disparition du sujet
la fin du langage comme maîtrise
mais ici
au lieu d’un diagnostic critique il en fait
une expérience poétique
il imagine le moment
où tout s’efface où l’histoire la raison et la parole cessent
où ne demeure
qu’
un souffle
un murmure
une attente d'
une autre forme de présence
le septième ange
c’est l’image de ce passage
entre le monde du discours et celui de l’impossible
entre la lumière et son
extinction
Foucault et Fata Morgana un miroir trompeur
le nom de l’éditeur Fata Morgana désigne
un mirage
une illusion née de la lumière
ce n’est pas anodin le texte lui-même fonctionne comme
un mirage du savoir foucaldien
une réverbération
une apparition brève où la philosophie se fait poème
l’ange comme la Fata Morgana est une figure de l’entre-deux
du visible qui se défait au moment même où
on le perçois
Sept propos sur le septième ange
une méditation
la fin du langage et du savoir
la présence du silence au cœur du discours
la transcendance sans Dieu d’une parole qui se consume
la pensée comme expérience du seuil comme passage
c’est
un texte d’exil intérieur
une poésie du dehors où Foucault effleure
ce qu’il n’a cessé
de penser
le
point
où l’homme
cesse d’être le centre du
discours