le chant des lettres
réveille l’ombre des sens
le monde s’éclaire
le chemin mystérieux va vers l’intérieur
aller vers l’intérieur
c’est entreprendre le voyage le plus difficile
celui qui ne mène pas à un lieu mais à une conscience
le mystère n’est pas dans le monde
mais dans la manière dont nous le percevons
chaque être humain porte en lui un labyrinthe d’émotions
de pensées et de désirs où se dissimule
la vérité de son existence
le chemin intérieur est
un processus de connaissance de soi à la fois
rationnel et intuitif
comprendre ce qui en nous perçoit
juge espère
souffre
l’extérieur —
la société la technique la distraction
nous pousse à la dispersion
l’intérieur lui
invite à la réunification
c’est le passage du multiple à l’unité
du tumulte à la clarté
d’un point de vue métaphysique
ce chemin n’est pas seulement psychologique : il est ontologique
aller vers l’intérieur
c’est se rapprocher de l’Être lui-même
si tout ce qui est visible
n’est que reflet ombre ou phénomène
alors l’intériorité est la source du réel le lieu où l’univers
se pense et s’incarne
le chemin mystérieux mène à la présence pure
à cette dimension silencieuse où le sujet et l’objet cessent
d’être deux
c’est l’instant
où la conscience devient le miroir du tout
où l’homme cesse d’être un individu isolé pour se reconnaître comme
part du grand souffle de l’existence
le mystère ici n’est pas ce qu’on ne peut pas connaître
mais ce qu’on ne peut qu’éprouver
*
le chemin intérieur est
une descente dans la lumière obscure
c’est une grotte où scintillent les étoiles du dedans
chaque pas est une mue
chaque silence un mot que le monde n’a pas encore prononcé
le cœur devient boussole
la respiration flamme vacillante
plus on avance plus le paysage se dissout
il ne reste qu’un souffle un battement
une présence sans contours
le mystère n’est plus ce qui se cache mais ce qui s’ouvre
comme une fleur de nuit
dans le jardin du soi
ainsi
le chemin mystérieux va vers l’intérieur
signifie
que le vrai voyage n’est pas une fuite
hors du monde
mais une plongée au cœur
du réel
c’est là
dans la profondeur silencieuse de l’être
que se trouve l’unique passage vers l’infini
le chemin mystérieux ne mène pas à un ailleurs géographique mais à une profondeur silencieuse invisible à l’œil perceptible seulement au cœur
il commence là où cessent les certitudes là où la conscience se retourne sur elle-même et interroge la source même de son regard
l’être humain depuis toujours cherche dans le monde la clé de son mystère mais tout ce qu’il trouve n’est qu’écho reflet résonance
le véritable lieu du savoir celui où se tient la racine de toute expérience n’est pas dehors
il est dans ce centre intime où le monde entier semble se condenser en un seul point
le soi conscient d’exister.
aller vers l’intérieur c’est entreprendre le voyage le plus exigeant
rien n’y sert de posséder ou de conquérir
il faut au contraire se dépouiller
il faut abandonner les formes les rôles les illusions de l’identité jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un regard nu
un regard qui se regarde lui-même
c’est alors que le mystère apparaît non plus comme une énigme à résoudre mais comme une présence à vivre
ce qui semblait caché ne l’était pas
il était simplement trop proche trop évident pour être vu
le chemin intérieur est mystérieux parce qu’il ne progresse pas dans le temps mais dans la profondeur de l’instant
chaque pas est une plongée dans la conscience chaque silence une porte qui s’ouvre vers un espace plus vaste
ce que l’on découvre ce n’est pas un moi isolé mais un espace impersonnel où tout ce qui existe respire ensemble
l’intérieur se révèle alors comme la véritable demeure du monde le lieu où l’univers devient conscience de lui-même
ce chemin une fois entrevu ne s’oublie plus
il ne promet ni repos ni certitude mais une vérité plus subtile celle d’un mystère qui ne se dévoile qu’en demeurant mystère
aller vers l’intérieur c’est cesser de vouloir comprendre pour commencer à être
c’est reconnaître que la lumière la plus pure n’éclaire pas les objets mais la conscience qui les perçoit
dans cette lumière silencieuse le mystère cesse d’être un obstacle
il devient le cœur battant de l’existence.
*
Plotin
la remontée vers l’Un philosophie néoplatonicienne
Œuvre principale Les Ennéades
l’âme humaine est une émanation de l’Un, principe absolu de toute réalité
pour revenir à son origine,
elle doit se détourner du monde sensible et se tourner vers l’intérieur
vers la source immatérielle de l’être
Ennéades I,6,8
ne cherche pas à l’extérieur
rentre en toi-même
c’est au-dedans de l’homme
que réside
la vérité
sens métaphysique
le chemin intérieur est une anabase
une ascension spirituelle où l’âme se purifie de tout ce qui est étranger
à son essence pour retrouver l’unité
l’intériorité est ici le miroir de l’Un
et le mystère
celui de la réintégration du multiple dans le simple
Carl Gustav Jung
l’individuation et la rencontre du Soi psychologie analytique
Œuvres de référence
Psychologie et alchimie
Aïon Les Racines de la conscience
le chemin intérieur est un processus d’individuation par lequel la conscience intègre les dimensions inconscientes de la psyché pour devenir un tout unifié
ce n’est pas une fuite du monde mais une descente dans l’ombre une confrontation avec les symboles les archétypes les forces intérieures refoulées
celui qui regarde à l’extérieur rêve
celui qui regarde à l’intérieur s’éveille
le mystère du chemin intérieur chez Jung
réside dans la transformation alchimique du moi en Soi
l’intérieur n’est pas seulement un lieu psychologique
c’est une dimension symbolique et sacrée de l’être où se rencontrent
l’humain et le divin
Martin Heidegger
l’être
le dévoilement
et l’habitation du mystère
Œuvres de référence
Être et Temps
chemins qui ne mènent nulle part
questions I et II
:
l’homme est le lieu d’un dévoilement de l’Être
aletheia
ce dévoilement ne se fait pas dans l’extériorité technique ou rationnelle
il demande un retour vers le séjour originaire de l’être
une écoute intérieure du silence
chemins qui ne mènent nulle part
penser
c’est se laisser guider par le chemin
du cœur de l’être
le chemin intérieur n’est pas ici un retour psychologique,
mais une ouverture au mystère
de l’Être lui-même
ce mystère ne se dissout pas,
il s’habite.
aller vers l’intérieur c’est apprendre à
demeurer
dans le non-savoir
dans la proximité de ce qui échappe
à toute maîtrise.
chez Plotin
l’intériorité conduit à l’Un
chez Jung
elle mène au Soi
chez Heidegger
elle ouvre à l’Être
trois noms
trois langages
une même intuition
le mystère n’est pas hors de nous
il est le fondement invisible de ce que nous sommes
gel sur la branche
une goutte suspendue
attend le matin