Pierre Chappuis
Entailles
Corti
Montagnes & eaux
compacité et fluidité
union du stable et de l’instable
en chinois
pour dire concrètement
paysage
Nécessairement liées au lieu précis où elles apparaissent et, accidentellement, se révèlent à nous, les montagnes, les eaux n’en épousent pas les limites.
Éprouvées dans leur présence élémentaire, elles n’ont point à être situées, ne répondent point à l’appel d’un nom.
Autrement, dans la langue, les rejoindre.
Leur part d’inconnu et d’imaginaire œuvre en nous comme notre propre substrat, étranger en même temps qu’intime (quoique soustrait à une relation de simple familiarité).
Effacement du lieu.
Prévaut l’instant vécu au cœur des choses quand véritablement, en dépit du proverbe, une hirondelle fait le printemps.
Au poème non plus, un territoire n’est pas assignable.
P. Ch
L’aspect lacunaire des poèmes de Pierre Chappuis, avec leurs phrases incomplètes souvent interrompues par des blancs spectaculaires, ne doit pas être interprété comme le signe d’un manque ou d’une déficience, mais plutôt comme le ressort d’une paradoxale plénitude.
Les marges de ces poèmes sont pleines de ce qu’elles ne disent pas mais donnent à entendre.
Du paysage, ils suggèrent d’autant plus qu’ils décrivent moins, comme l’horizon laisse au rêve et au désir une marge inépuisable, dans la mesure où il dérobe toujours quelque chose au regard.
Michel Collot
Paysage et poésie