Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la" bénédiction du travail", je vois la même arrière- pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel . Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité ; et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême.
Nietzche, Aurore
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"Autant en emporte le vent du moindre fait qui se produit, s'il est vraiment imprévu. Et qu'on ne me parle pas, après cela du travail, je veux dire de la valeur morale du travail. Je suis contraint d'accepter l'idée du travail comme nécessite matérielle, à cet égard je suis on ne peut plus favorable à sa meilleure, à sa plus juste répartition. Que les sinistres obligations de la vie me l'imposent, soit qu'on me demande d'y croire, de révérer le mien ou celui des autres, jamais. Je préfère, encore une fois, marcher dans la nuit à me croire celui qui marche dans le jour. Rien ne sert d'être vivant, le temps qu'on travaille. L'évènement dont chacun est en droit d'attendre la révélation du sens de sa propre vie, cet évènement que peut-être je n'ai pas encore trouvé mais sur la voie duquel je me cherche, n'est au prix du travail.
André Breton, Nadja
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