il y a
quelque part
encore des peuples et des troupeaux
mais ce n’est pas chez nous
mes frères
chez nous
il y a des États
État
qu’est-ce cela
allons
ouvrez les oreilles
je vais vous parler de la mort des peuples
Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
Icebergs
une série de promenades dans les allées d'une pensée qui tourne et vire une pensée à vrai dire obsédée par les formes qu'elle peut prendre
cette nature inquiète qui l'abrite se demande surtout comment les autres tous les autres ont fait avant elle
courts essais
arctiques
parties visibles et flottantes de la pensée
il ne faut pas vouloir ajouter à ce qu’on a ce qu’on avait
on ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était
il faut choisir
on n’a pas le droit de tout avoir
c’est défendu
un bonheur est tout le bonheur
deux
c’est comme s’il n’existait plus
c’est
un mensonge
ils étaient des créateurs
ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent
au-dessus des peuples
une foi et un amour
ainsi
ils servaient la vie
ce sont des destructeurs
ceux qui tendent des pièges au grand nombre
et qui appellent cela
un État
ils suspendent au-dessus d’eux
un glaive et cent appétits.
partout où
il y a encore du peuple
il ne comprend pas l’État et il le déteste
comme le mauvais œil et
une dérogation
aux coutumes et aux lois
Ellébore
nom
et dans son propre hivernal interstice
de tant d'espèces de plantes
son propre enraciné indice
liées en énigmatiques
de beauté ou obscurité toujours en délire
similarités de racines
si légèrement se donner
caressé
rhizomes de poisons
en soi étendu en enthousiasme apaisé
convergeant parfois oh calme
Calme Ellébore
dans les rosalités les plus profondes
sont tes duplicités et tes corolles-caresses
des dictionnaires
humbles comme les guéries folies en ces suites
de chambres subrepticement épanouies et puis récupérées
Ellébore
l’écriture notamment poétique marque et signifie en elle-même une forme de disparition l’acte de mettre en mots la caducité du réel en laissant une trace de ce qui était là et qui ne l’est plus à présent de ce qui aurait pu être et qui n’est enfin que dans la parole écrite
le plus souvent
nous passons d'un endroit à l'autre d’un espace à l’autre sans songer à mesurer à prendre en charge à prendre en compte ces laps d’espace
le problème n'est pas d’inventer l’espace encore moins de le réinventer trop de gens bien intentionnés sont là aujourd'hui pour penser notre environnement mais de l’interroger ou plus simplement encore de le lire
une forme de cécité
une manière d'anesthésie
Perec
je rassemble les membres d'Osiris
chez
Saint Augustin
l'auteur de la Doctrine chrétienne le symbolisme des choses fondé sur une vision religieuse de l'univers coexiste avec l'allégorie héritée de la rhétorique païenne
entre le gouffre du passé et le gouffre de l'avenir sur la goutte de boue terrestre l'homme émerge une seconde éperdu ahuri parmi les mystères impénétrables du Temps de l'Espace de la Matière des Causes et des Fins
il est aussi incapable de déchiffrer un coin de l'énigme où il est compris que le moucheron de s'élever d'un battement d'ailes au-dessus de l'atmosphère qui le contient
elles suscitent en lui des images baroques d'où s'engendrent des conceptions erronées qu'il est incapable de transmettre sans les travestir
j'aime la liberté
j'aime l'air sur la terre fraîche
il lui faut aller à l'air libre
loin de toutes les chambres empoussiérées
les choses féeriques
sont connues pour être fugaces et mystérieuses
comme
les rêves ou les illusions
mais l’homme ne peut véritablement s’en passer alors il en a créé une nouvelle forme rien que pour lui le beau-monde uniquement soumis à ses désirs il peut y façonner les faits selon sa volonté et dire
si je le souhaite un homme assez âgé pour être mon père peut devenir mon fils je peux changer un fruit en un coupon de soie le blanc en noir... car c’est le monde que je me suis créé et dont je suis le maître
les Indiens de Palestine Gilles Deleuze
le sionisme puis l’État d’Israël
exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit
mais lui l’État d’Israël il ne cessera de nier le fait même
d’un peuple palestinien
on ne parlera jamais de Palestiniens
mais
d’Arabes de Palestine
comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard
ou par erreur
et plus tard
on fera comme si les Palestiniens expulsés
venaient du dehors
on ne parlera pas de la première guerre
de résistance qu’ils ont menée tout seuls
on en fera les descendants d’Hitler
puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël
mais Israël se réserve le droit de nier leur existence
de fait
c’est là que commence
une fiction qui devait s’étendre
de plus en plus et peser sur tous ceux qui défendaient
la cause palestinienne
cette fiction
ce pari d’Israël
c’était de faire passer pour antisémites
tous ceux qui contesteraient les conditions
de fait et les actions de l’État sioniste
cette opération trouve sa source
dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens
Israël n’a jamais caché son but
dès le début
faire le vide dans le territoire palestinien
et bien mieux
faire comme si le territoire palestinien était vide
destiné depuis toujours aux sionistes
il s’agissait bien de colonisation mais pas
au sens européen du XIX° siècle
on n’exploiterait pas les habitants du pays
on les ferait partir
ceux qui resteraient
on n’en ferait pas une main-d’oeuvre dépendant du territoire
mais plutôt
une main-d’oeuvre volante et détachée
comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto
dès le début c’est l’achat des terres
sous la condition qu’elles soient vides d’occupants
ou vidables
c’est un génocide mais où l’extermination physique
reste subordonnée à l’évacuation géographique
n’étant que des Arabes en général
les Palestiniens survivants
doivent aller se fondre avec les autres Arabes
l’extermination physique
qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires
est parfaitement présente
mais ce n’est pas un génocide dit-on puisqu’elle n’est pas le
but final
en effet
c’est un moyen parmi d’autres
la complicité des Etats-Unis avec Israël
ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste
Elias Sanbar a bien montré comment les États-Unis
retrouvaient dans Israël
un aspect de leur histoire
l’extermination des Indiens qui là aussi ne fut qu’en partie
directement physique
il s’agissait de faire le vide
et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens
sauf dans des ghettos
qui en feraient autant d’immigrés du dedans
A beaucoup d’égards les Palestiniens sont
les nouveaux Indiens
les Indiens d’Israël
l’analyse marxiste indique
les deux mouvements complémentaires du capitalisme
s’imposer constamment des limites
à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système
repousser toujours plus loin ces limites
les dépasser pour recommencer en plus grand
ou en plus intense
sa propre fondation
repousser les limites
c’était l’acte du capitalisme américain
du rêve américain
repris par Israël et le rêve du Grand Israël
sur territoire arabe sur le dos des Arabes
Les Indiens de Palestine
paru dans le recueil Deux régimes de fous en 1983
Editions de Minuit
et pourquoi
mais lorsque l'on s'est habitué depuis tout petit à le côtoyer dans son plus simple apparat comme c'était le cas chez nous au lieu de le voir dans une horloge comme ici à Lud on apprend qu'il est aussi tranquille et paisible qu'un vieux bœuf tirant sa charrue
pour les rêveurs dont l’imagination bouillonne
de l'immaculée connaissance
pieux et silencieux
il marche
sur des tapis d'étoiles
mais
il n'aime pas les pas d'homme trop légers
où ne sonne pas
d'éperons
du pays de la culture
tout ce qui est inquiétant dans l'avenir et tout ce qui jadis faisait frémir les oiseaux à jamais envolés est en vérité plus rassurant encore et plus familier que votre réalité
je vous donne ce signe
chaque peuple
a son langage du bien et du mal
son voisin ne le comprend pas
il s’est inventé
ce langage pour ses coutumes et ses lois
mais
l’État ment
dans toutes ses langues du bien et du mal
et
dans tout ce qu’il dit
il ment
et tout ce qu’il a
il l’a volé
tout en lui est faux
il mord avec des dents volées
le hargneux
feintes
sont même ses entrailles
312
413
514
523
615
624
716
725
734
817
826
835
en voici les règles
le nombre est composé de trois chiffres
le premier chiffre est la somme des deux derniers chiffres
les chiffres sont ordonnés de façon croissante
le second chiffre ne peux pas être plus grand que le troisième chiffre
les chiffres doivent être tous différents
918
927
936
945
la mer y est seule
elle fait ce qu’elle veut
nulle apparition terrestre ne l’inquiète
elle reconnut l’écueil et avança
cela
n'a pas de sens
ni de volonté de sens
poésie
ce qui fait sauter le préfixe de survivre
un seul espace qui s'ouvre corolle
la pression de l’ombre existe
*
on n’était pas bien sûr que cette chose fût
on avait devant les yeux une réalité empreinte d’impossible
on regardait cela
on y touchait
on y était
seulement il était difficile d’y croire
VH.LTDLM
alors là c’est loupé car on entre dans les classifications Le problème c’est de créer justement quelque chose qui se passe entre les idées et auquel il faut faire en sorte qu’il soit impossible de donner un nom et c’est donc à chaque instant d’essayer de lui donner une coloration une forme et une intensité qui ne dit jamais ce qu’elle est.
c’est ça l’art de vivre !
apparitions disparitions résurrections
la réalité
le silence
le silence repose sur des voix
esprit
invention du corps
corps
invention du monde
monde
invention de l'esprit
irréalité
de ce que l'on regarde
transparence
tout ce qui demeure
foudre
la foudre verte dans le feuillage du ciel
nue
comme une syllabe
flamme
comme une île de flammes
passion braise compassion monde
images
fondues dans la musique
corps
évanoui
évanoui
mieux vaut cacher son ignorance
fendre
ma flamme sait fendre les eaux froides
l'accord entre la proposition et la réalité n'est un accord entre l'image et ce qu'elle représente que s'il est analogue à l'accord entre une image du souvenir et l'objet présent
les Pictions désignent des points nodaux limites sensibles et intelligibles aux confins du visible et de l'invisible du dicible et de l'indicible et se suffisent à elles-mêmes
souviens-toi rien ne peut arrêter le printemps
David Hockney
au départ sa palette était sobre et sombre
d’intenses pigments gagnent ses toiles dans les années 1960
le feu d’artifice éclate quinze ans plus tard
bleu électrique
rouge vif
vert pomme…
dans la lignée de Gauguin et de Matisse
Hockney illumine le réel
le poète s’appuie
durant le temps de sa vie à quelque
arbre
ou mer
ou talus
ou nuage d’une certaine teinte
un moment
si la circonstance le veut
il n’est pas soudé à l’égarement d’autrui
lorsqu’on élève la voix devant lui
qu’on le presse d’accepter des égards qui retiennent
si l’on invoque à son propos les astres
il répond qu’il est du pays d’à côté
du ciel qui vient d’être englouti
le poète vivifie puis court au dénouement
au soir
malgré sur sa joue plusieurs fossettes d’apprenti
c’est un passant courtois
qui brusque les adieux
pour être là quand
le pain sort du four