les boules de terre cuite
Nous ne voyons pas. Si vous voyez les yeux des autres hommes que les autres hommes ne voient pas eux- mêmes, si vous ne voyez pas vous- même vos yeux que les autres femmes voient, c'est que chacun vous voyez du monde ce que les autres hommes et femmes ne voient pas, c'est que chacun vous ne voyez pas du monde ce que les enfants voient. Si tu pouvais voir le monde que les autres femmes, hommes et enfants voient, le monde serait figé comme tes yeux, dans un miroir, le sont devant tes yeux qui le voient. Chacun vous voyez une partie du monde invisible pour les autres hommes comme chacun vous ne voyez pas une partie du monde visible pour les autres femmes. Comme si tes yeux avec lesquels tu vois le monde se projetaient hors du monde que je vois.
Jean-Luc Parant les yeux, l'envahissement des yeux, José Corti.
.
.
1 commentaire:
Nous ne voyons pas, certes, ce que l'autre peut voir, nous ne voyons donc qu'un fragment de ce qui est visible mais, cela dit, nous pouvons essayer d'imaginer, le temps d'un instant, non pas le regard de l'autre mais plutôt ce point où tous les regards se joignent dans une simultanéité, là où toutes les visions ont lieu et donc existent 'à la fois', 'au même instant'.
Cet instant, que l'on pourrait nommer présent absolu ou simplement coeur du temps, et qui dçevoile son essence et être intime, est le seul à pouvoir assurer la coexistence de tous ces regards en un seul point, la possibilité même de leur coexistence. Nous voila donc, une fois de plus, face à une unité jouant à se diffracter dans une multiplicité de regards, à la fois que cette multiplicité joue à se relier dans un seul point, l'instant de la vision, éternel jeu de l'Arbre songeur...
L'infini ne se laisse jamais voir, puisqu'il est justement invisible. Par contre, il se laisse imaginer, puisqu'il est imaginable... Ceci n'est point étrange et l'expérience nous le prouve : lorsqu'on place deux miroirs, parfaitement situés l'un face à l'autre, il n'y a que 'notre regard' qui nous empêche de voir l'infini. Il suffit donc de ne pas chercher vainement à le voir, mais de l'imaginer...
Amitiés
Enregistrer un commentaire