Longtemps je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil me réveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler la lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de tenir le livre et de souffler la lumière. Comme je n’avais pas été attentif à la manière dont je m’étais endormi, il m’arrivait de me réveiller sans avoir la sensation de m’être endormi, et tout d’un coup de me trouver dans une obscurité complète, sans plus savoir où j’étais, sans souvenir précis du monde que j’avais quitté, et d’éprouver le vertige du retour dans le temps présent
mémoire involontaire
flux de conscience
longtemps
je
me
suis
couché
de
bonne
heure
mes
yeux
se
fermaient
si
vite
que
je
n’avais
pas
le
temps
de
me
dire
je
m’endors
une
demi‑heure
après
la
pensée
qu’il
était
temps
de
chercher
le
sommeil
me
réveillait
je
voulais
poser
le
volume
que
je
croyais
encore
dans
mes
mains
souffler
la
lumière
je
n’avais
pas
cessé
en
dormant
de
tenir
le
livre
et
de
souffler
la
lumière
je
ne
savais
plus
où
j’étais
le
monde
disparu
le
vertige
du
retour
dans
le
temps
présent





















