Lorsqu'on largue les amarres et que, chaque jour, en sortant de chez soi, on prend le vent, pour rien, on se met à goûter l'élégance heureuse du mot " aujourd'hui " ; puis on pénètre en douce dans la matière loisible du temps, les trottoirs vacillent, tout devient feuillage, et vous voici face au rouge de Cluny, rafraîchi, l'oeil nouveau
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Le libre navigue à travers le temps. Il met en rapport des couleurs et des formes qui s'ignoraient, et en offre, par-delà les conventions, une action qui libère. Cette action poétique du temps sur lui-même, appelons-la la jouissance du temps. La jouissance du temps est si étrange qu'elle échappe à la représentation
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L'histoire de la métaphysique la rejette dans les domaines dédaignés de l'extase. Et comme c'est une extase qui n'a pas un air très humain, elle est souvent considérée comme du néant. Cette extase n'a pas d'emploi, et pas non plus d'usage. Elle n'affirme rien, elle ne nie pas non plus. Elle surgit et s'efface, elle trame dans l'air un filigrane où le temps s'illumine.
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à mon seul désir
Yannick Haenel
Argol
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L.A. photographies, au musée de Cluny, Paris novembre 2009
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