Philippe Sollers, Passion fixe.
Folio 3566, P. 102 /103 / 104
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J'ai ouvert machinalement le vieux Cyrano (...)
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" Une soudaine joie s'empara de mon âme, la joie attira l'espérance, et l'espérance de secrètes lumières dont ma raison se trouva éblouie. "
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" Une soudaine joie s'empara de mon âme..." Oui, c'est ça, à supposer que j'aie une âme. " Mon âme éternelle, observe ton voeu, malgré la nuit seule et le jour en feu... " Et la joie attire l'espérance, et l'espérance de secrètes lumières dont la raison est éblouie. Oui, oui, la raison éblouie, quel titre. Je continue à enchaîner sur Rimbaud qui, maintenant, se récite tout seul : " Jamais l'espérance, science et patience, le supplice est sûr ; plus de lendemain, braises de satin, votre ardeur est le devoir..." Et aussi : " Je devins un opéra fabuleux : je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : L'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle... "
. Mais Cyrano reprend déjà : " Nous sommes en partie composés de rien... " Et encore : " Le monde entier n'est-il pas composé de rien ? " Et encore : " A pénétrer sérieusement la matière, vous connaîtrez qu'elle n'est qu'une, qui, comme excellente comédienne, joue ici-bas toutes sortes de personnages sous toutes sortes d'habits... "
°L.A. photographie, l'Aiguille des Glaciers, TMB août 2010
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