Le discontinu et le non-dit
Le discontinu
est la forme brisée du réel
une succession d’éclats, de seuils, de ruptures
qui refusent la ligne droite
Il est rythme heurté pensée par bonds monde perçu en fragments
rien n’y coule tout s’y détache
le discontinu rappelle que l’existence n’est pas un flux homogène
mais une suite de secousses de manques de reprises
Le non-dit
lui habite les interstices
il n’est pas seulement ce qui est tu
mais ce qui soutient silencieusement la parole
ce qui en creuse la profondeur
le non-dit n’est pas absence
c’est densité secrète, réserve invisible
qui donne à la langue son ombre et sa gravité
Entre
le discontinu et le non-dit s’établit une connivence subtile
ce qui manque crée de l’espace
et cet espace appelle le sens
les ruptures laissent apparaître ce que la continuité étouffait
les silences deviennent forme.
Ainsi dans l’art comme dans la pensée c’est souvent ce qui n’est pas lié et ce qui n’est pas dit qui ouvre le plus grand champ : celui où le lecteur l’auditeur ou l’être lui-même doit entrer pour achever ce qui ne se donne pas d’emblée
*
poésie
CŒUR DE DURÉE
lieu vivant où chaque seconde s’épaissit jusqu’à devenir monde
on ne le trouve pas
on s’y accorde
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