Les attractions d’abîme sont de toute sorte
certaines grondent visibles
falaises nettes où le regard trébuche
d’autres sont douces presque imperceptibles
pentes lentes de la pensée
où l’on glisse sans
s’en apercevoir
Il y a l’abîme de la vitesse
qui promet l’ivresse et consume l’attention
l’abîme du silence
qui attire par sa profondeur sans fond
l’abîme du sens
où trop comprendre dissout la forme
Certaines chutes sont verticales
d’autres circulaires
d’autres encore immobiles
on y demeure longtemps
sans savoir qu’on est déjà descendu
L’abîme n’est pas seulement ce qui détruit
il est aussi ce qui appelle à la mesure
à l’ancrage
à la qualité du pas
Car toute attraction révèle une force
et toute force exige une justesse
Ce n’est pas l’abîme qui est dangereux
mais l’oubli du souffle
au moment où l’on s’en approche
apprendre à vivre
c’est reconnaître les attractions d’abîme
les nommer sans fascination excessive
et savoir quand s’arrêter
quand contourner
quand regarder longuement
sans céder à l’élan du vide

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