Éloge de l’infinitif
ne pas finir
voilà la vraie manière d’être
vivre sans se conjuguer
ni au passé ni au futur
rester dans le pur possible
comme l’eau avant la vague
être aller venir demeurer
tout à la fois et sans obligation
la phrase ouverte comme un ciel d’été
où rien ne commande au vent
l’infinitif est la respiration du verbe
il ne possède rien
il traverse
il est l’élan avant le choix
dans sa nudité il ne promet rien
il est la promesse elle-même
sans fin sans début
seulement le mouvement d’exister
l’infinitif
ne vit ni dans le temps ni dans la personne Il ne dit pas je il ne dit pas tu il ne s’incline devant aucune conjugaison Il avance nu sans attaches dans la phrase ouverte C’est le verbe avant l’obéissance avant l’accord avant la chute du possible dans le réel
être aller devenir voir respirer
l’infinitif
est le verbe en état de naissance continue Il n’a pas encore choisi sa direction et c’est cela sa liberté Dans sa suspension il n’exige rien il invite Il contient tous les mondes en puissance tous les gestes avant qu’ils se fassent
l'infinitif
respire comme la mer avant la vague Il ignore le sujet mais accueille son ombre. Il ne se conjugue pas il se déploie Il est un passage un souffle une attente où tout reste possible Dans son silence grammatical se tient une promesse celle de ne pas finir
Être
encore
Toujours commencer
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