que puis-je comprendre
sinon le tremblement du monde en moi
les ombres qui passent entre les mots
les éclats de sens que la raison ne retient qu’un instant
comprendre
c’est toujours s’approcher d’un feu sans jamais le saisir
la lumière brûle les yeux de celui qui cherche trop
la vérité se dérobe sous le pas de la pensée
et pourtant
je marche encore dans ce brouillard d’évidence et de doute
que dois-je faire
sinon avancer malgré le vertige
sans mode d’emploi du bien
sans promesse de récompense
faire
c’est choisir dans l’infini des possibles
le fragile fil de sa propre exigence
c’est risquer
la faute pour toucher la justesse
c’est inventer
la morale à hauteur d’homme
dans la lente oscillation
entre l’amour et
la loi
que m’est-il permis d’espérer
sinon le peu de lumière qui persiste quand tout vacille
espérer
c’est l’acte insensé
de celui qui regarde la nuit et y voit déjà le matin
c’est croire
à la continuité d’un sens même quand le sens s’effondre
c’est confier
à l’avenir la part de soi qu’on n’a pas encore comprise
qu’est-ce que l’homme
sinon cette question qui se pose elle-même
ce souffle qui doute et qui se souvient
ce pont tendu
entre l’animal et l’étoile
entre la poussière et le verbe
l’homme
c’est la blessure du savoir et la caresse de la pensée
la conscience d’être un instant entre deux infinis
il n’est rien et pourtant
il demande tout

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