l’être et l’avoir
l’être
est ce qui se tient avant tout ajout
avant tout poids
un souffle
une présence
une manière d’habiter le temps
il ne se possède pas
il se vit
l’avoir
cherche à retenir
à entourer l’existence d’objets de signes
de garanties
il accumule pour se sentir réel
entre les deux
la tension est ancienne
l’être dilate
l’avoir charge
l’être ouvre un espace intérieur
l’avoir en dresse les murs
mais l’avoir n’est pas toujours une entrave
il peut être ce qui rend l’être possible un abri où il se conserve
une forme où il s’exprime
l’enjeu n’est pas de choisir c’est de ne pas confondre ne pas croire que posséder remplace vivre ne pas imaginer que l’être se passe totalement de forme dans la respiration entre être et avoir une vie s’accorde assez légère pour se tenir debout assez ancrée pour ne pas disparaître
le réel et la réalité
le réel est ce qui résiste
une densité brute parfois muette
qui échappe à nos catégories
il est ce qui est avant tout nom avant toute interprétation
le réel ne se laisse pas entièrement saisir
il déborde
il excède
il blesse parfois
la réalité elle est le réel
déjà configuré par la perception le langage la culture
c’est la scène que nous construisons
pour habiter l’inconnu
une traduction
une mise en forme
une version vivable de ce qui nous arrive
le réel frappe
la réalité organise
la tension entre réel et réalité est celle entre l’impact et le sens Le réel nous atteint comme une force brute la réalité tente de lui donner cohérence Nous passons notre vie à ajuster les deux : ouvrir la réalité pour qu’elle ne suffoque pas le réel et apprivoiser le réel pour qu’il ne déchire pas la réalité Dans cet espace fragile l’existence se fabrique entre l’inconnu qui insiste et le monde que nous tissons pour lui répondre
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