il poursuivait indifférent sa marche
peu lui importait le chemin
qu'il monte ou
descende
pour lui
le mouvement seul comptait
ce glissement continu du corps dans l'espace et
ce flux égal de la pensée dans
le silence du monde
chaque pas était
une réponse sans question
une avancée sans but
un geste dépouillé de tout calcul
il ne cherchait
ni hauteur ni
vallée
il cherchait
ce point intérieur où le relief cesse de séparer
où monter et descendre deviennent deux faces
d'une même présence
dans cette indifférence
il trouvait une étrange liberté
celle d'un être qui ne va nulle part et pourtant
se découvre partout
la fatigue
il ne la ressentait pas
simplement
elle ne se manifestait pas comme
un poids
mais comme
une étrangeté intermittente
il lui était désagréable par moments
de ne pouvoir marcher
sur la tête
de ne pas pouvoir inverser le monde
et suspendre
les lois habituelles du corps
il avançait pourtant
sans effort
apparent
le mouvement devenait
autonome
la marche elle-même
semblait se faire
par
une volonté étrangère
dans cette étrangeté
la sensation de fatigue se dissolvait presque
laissant seulement
la conscience d'une limite subtile
entre
le possible et l'impossible
entre
le réel et le rêve

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire