les sept degrés du Voyageur du Temps
tels qu’ils se transmettent dans les couloirs silencieux de la Confrérie
sous forme de seuils de mutations de renversements internes
le frémissement
c’est le premier signe
un décalage léger dans l’air
une sensation d’être en avance ou en retard sur soi-même
le Voyageur
pressent que le temps n’est pas solide
un instant s’ouvre
comme une feuille qu’on retourne par erreur
il comprend que quelque chose l’appelle
le débranchement
ici commence la rupture
le Voyageur cesse d’être soumis à la narration ordinaire
le Voyageur cesse d’être soumis à la narration ordinaire
il voit
les heures comme des couches
les souvenirs
comme des chemins accessibles
les possibles
comme des réservoirs
il se détache du fil unique
sans effort presque par glissement intérieur
la transparence
le temps devient translucide
les frontières entre passé et futur s’amincissent
des images
viennent de loin
des voix d’avant résonnent
avec des choses qui n’ont pas encore eu lieu
le Voyageur
apprend à ne plus distinguer trop vite
il accueille la simultanéité comme on respire
le point immobile
le cœur du Voyageur
se stabilise dans un instant qui ne passe pas
le flux continue autour
mais lui demeure dans un centre inaltérable
ce point est l’axe silencieux
là il voit que le mouvement du monde
n’est qu’une danse autour d’une lumière immobile
l’expansion
le Voyageur traverse les couches
du temps comme on traverse des pièces communicantes
il peut entrer dans un souvenir
aussi facilement que dans un futur possible
les lignes s’écartent
les angles s’ouvrent la conscience se multiplie sans se diviser
il découvre
que l’identité est une membrane poreuse
la fusion
ici le Voyageur n’est plus dans le temps
il est le temps qui se regarde lui-même
toute
séparation se dissout
l’avant et l’après
se replient dans le même geste
l’existence devient
un miroir sphérique chaque point
touche tous
les autres
la clarté suprême
le dernier degré
n’est pas une fin mais une évidence
le Voyageur voit
que tout est déjà accompli, déjà ouvert déjà unifié
il devient un témoin
transparent du jeu des événements
il circule sans effort
sans trace sans histoire personnelle
c’est là qu’il peut transmettre
non par enseignement mais par présence
c’est là
que naît le véritable Voyageur
celui
qui traverse sans bouger
celui
qui éclaire sans briller
celui
qui apparaît là où le temps se déplie

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