trois mondes trois royaumes six routes
une vision cosmologique
trois mondes trois royaumes six routes
l’homme croit vivre dans un seul monde celui que ses sens lui donnent à percevoir
mais la sagesse ancienne rappelle qu’il existe des strates de réalité
trois mondes trois royaumes six routes d’existence
cette multiplicité n’est pas un simple mythe
elle est un miroir de notre expérience intérieure.
les trois mondes
figurent les trois dimensions de notre rapport au réel
le désir nous attache à ce qui change nous fait courir sans fin vers la satisfaction éphémère
la forme nous installe dans la structure dans les lois dans l’ordre qui soutient la matière
le sans-forme ouvre la voie d’une réalité subtile pure conscience qui n’est plus limitée par les contours du visible
ces trois mondes ne sont pas ailleurs ils sont en nous comme trois profondeurs de l’esprit
les trois royaumes
traduisent la lutte incessante entre ciel terre et enfer
ils ne sont pas seulement des lieux mais des états d’existence
le ciel c’est la clarté la bonté la générosité de l’esprit
la terre c’est le lieu neutre de l’épreuve du travail quotidien où l’âme s’exerce
l’enfer ce sont les passions destructrices les flammes de la haine et de l’ignorance qui brûlent en chacun de nous
nous voyageons dans ces royaumes à chaque instant car nos choix nos pensées nos gestes nous y transportent
les six routes
enfin désignent les cycles innombrables par lesquels l’être chemine dieux demi-dieux humains animaux esprits faméliques êtres des enfers
ces voies sont autant de miroirs des états de conscience.
être humain c’est déjà porter en soi ces six potentialités la noblesse du dieu la jalousie du demi-dieu la clarté et la fragilité de l’homme l’instinct animal la faim insatiable de l’esprit famélique la souffrance des enfers
ainsi, les trois mondes trois royaumes et six routes ne décrivent pas seulement un cosmos extérieur mais une cartographie intérieure de l’âme
l’homme les traverse à chaque instant : il peut tomber en enfer par une pensée destructrice ou goûter au ciel par un seul acte de compassion
la métaphysique devient alors une éthique
comprendre que nous voyageons sans cesse à travers ces sphères nous invite à choisir consciemment notre route.
la véritable libération ne consiste pas à échapper à ce cycle en fuyant mais à le reconnaître à voir en lui un jeu de causes et d’effets
alors s’ouvre la possibilité de le transcender
franchir les routes dépasser les royaumes unifier les mondes
au bout de ce chemin se trouve peut-être l’espace sans lieu ni temps où l’on découvre que ces divisions n’étaient que reflets d’une seule réalité
trois mondes trois royaumes six routes
tout est tissé dans le même voile d’illusion.
ce que nous appelons monde n’est qu’un reflet mouvant sur la surface d’une eau sans fond
pourtant sous ce voile la tradition murmure qu’il y a trois mondes trois royaumes six routes autant de portes que l’esprit franchit dans son voyage sans fin
les trois mondes ne sont pas des lieux que l’on atteint, mais des couches d’existence qui se superposent en nous.
le monde du désir est une mer agitée toujours en quête toujours insatisfaite semblable à une flamme qui consume sans jamais se rassasier
le monde de la forme est une montagne stable qui donne structure et limite mais dont la fixité peut devenir prison.
le monde sans forme est un ciel invisible une vastitude pure où il n’y a plus ni contours ni attaches seulement la respiration infinie de l’être
les trois royaumes se déploient comme trois résonances du même chant
le royaume céleste est l’éclat de la lumière la clarté de l’esprit quand il se souvient de sa source
le royaume terrestre est le champ de l’épreuve où nous semons et récoltons où l’âme apprend lentement à se connaître
le royaume infernal n’est pas un gouffre lointain c’est l’ombre qui s’ouvre dès que la haine ou l’ignorance s’allument dans nos veines.
chacun porte en soi ces trois royaumes et chaque instant peut nous faire basculer de l’un à l’autre
et les six routes… elles sont comme les veines d’un grand corps cosmique
elles nous entraînent dans des états sans cesse changeants extase des dieux jalousie des demi-dieux fragilité humaine instinct des bêtes faim sans fin des esprits errants tourments des enfers
mais ces routes ne sont pas seulement ailleurs dans une vie future : elles sont des paysages intérieurs que nous traversons en un seul jour
ainsi l’univers est un labyrinthe de reflets un fleuve qui se divise et se rassemble une roue qui tourne sans fin
le voyageur qui comprend cela cesse de chercher un point fixe : il apprend à reconnaître les mondes comme des songes les royaumes comme des miroirs les routes comme des pas dans un rêve
alors s’ouvre la voie mystique : voir que tout cela en vérité n’est qu’un seul océan un seul souffle une seule conscience qui se déploie à travers d’innombrables visages.
et dans ce silence là où les mondes se rejoignent où les routes se dissolvent se révèle peut-être l’ultime mystère : il n’y a jamais eu de royaume jamais eu de chemin.
il n’y avait que l’Être sans commencement ni fin se contemplant lui-même dans l’éclat des formes et la fluidité des rivières
Ainsi ai-je entendu
Il est trois mondes et les trois mondes sont un
Il est trois royaumes et les trois royaumes sont en toi
Il est six routes et les six routes se lèvent à chaque souffle
Le monde du désir est sans repos comme une mer agitée
Le monde de la forme est sans fin comme une montagne de pierre
Le monde sans forme est sans limite comme un ciel sans contour
Trois mondes un seul esprit.
Le royaume céleste resplendit dans la lumière de la compassion
Le royaume terrestre demeure dans le cycle des semailles et des moissons
Le royaume infernal s’ouvre dans la haine et dans l’ignorance
Trois royaumes un seul cœur
La route des dieux est éclatante comme l’éclair mais se dissipe
La route des demi-dieux est jalouse comme l’ombre qui suit la lumière
La route des hommes est précieuse car c’est ici que s’ouvre le choix
La route des bêtes est oubli sommeil profond dans l’instinct
La route des esprits faméliques est soif sans apaisement
La route des enfers est feu qui dévore l’esprit de l’intérieur
Six routes un seul souffle
Celui qui contemple voit que ces mondes
ces royaumes ces routes ne sont pas ailleurs
Ils surgissent et s’éteignent dans le même instant
comme reflets sur l’eau
comme songes dans le sommeil
Alors le sage comprend
les mondes ne sont pas ultimes
les royaumes ne sont pas fixes
les routes ne sont pas éternelles
Derrière les trois mondes se tient le sans-monde
Derrière les trois royaumes s’ouvre le sans-royaume
Derrière les six routes s’étend le sans-route
Ce sans-monde ce sans-royaume ce sans-route
est la Source unique
la Conscience sans début ni fin
le Souffle immobile où tout retourne
Ainsi
le voyageur qui voit ne voyage plus
Ainsi
celui qui cherche découvre qu’il n’y a rien à trouver
Ainsi
l’Être contemple l’Être
et les montagnes les rivières les flammes et les étoiles
ne sont que des miroirs du Silence
Nés du vide retournant au vide
surgissant comme l’éclair s’éteignant comme l’écho
les trois mondes les trois royaumes les six routes
sont l’unique danse de l’Infini
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