la nature aime à se cacher
une phrase minuscule mais vertigineuse
l’une des plus mystérieuses de toute la pensée grecque.
pour Héraclite le monde physis n’est pas un décor immobile
il est flux tension transformation
mais ce mouvement profond ne se livre pas directement
il est caché sous les apparences
la nature ne se montre pas toute entière
elle aime le secret
la réalité véritable n’est pas ce que nos sens perçoivent immédiatement
un avertissement
le monde visible est un voile
la vérité se cache dans l’ombre du visible
dans le rythme silencieux de ce qui change
une idée mystique et rationnelle à la fois
mystique elle suppose un mystère sacré dans la nature
rationnelle elle invite à penser au-delà des apparences
la nature aime à se cacher
c’est comme dire
la beauté ne se donne qu’à celui qui cherche
la vérité ne s’offre qu’à celui qui la désire assez pour la mériter
la nature n’est pas indifférente mais pudique
elle ne se livre pas au regard pressé
elle attend la patience du poète
du philosophe de celui qui sait écouter le silence du monde
c’est l’idée que le mystère fait partie du réel
ce qui se cache n’est pas un défaut de la nature
mais sa manière d’être
le secret est sa forme de grâce
L’être est le non-être n’est pas
Héraclite
répond
tout s’écoule
la nature se cache dans son propre mouvement
la nature aime à se cacher
le monde ne révèle jamais toute sa vérité à la surface
le mystère est une part essentielle de l’être
comprendre la nature
c’est apprendre à voir ce qu’elle dissimule
la nature est une déesse voilée
elle ne fuit pas nos regards
elle nous invite à les approfondir
chant
la Nature aime à se cacher
sous la feuille un secret
sous la pierre une flamme lente
le vent passe sans mémoire
pourtant tout parle
la nature aime à se cacher.
elle fuit le regard qui veut savoir
s’offre douce
à celui qui écoute
dans l’eau une rumeur d’éternité
dans l’arbre un silence ancien
dans la montagne un cœur de feu
que nul œil ne devine
ce qui se voile n’est pas mensonge
mais profondeur
le mystère est une tendresse
la pudeur du monde
et toi passant pressé
si tu t’arrêtes un instant,
tu verras non pas la nature
mais son ombre qui respire en toi
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