alors entra à son tour l’autre disciple arrivé le premier au tombeau il vit et il crut il vit non seulement le corps vide mais la présence qui se dérobe il vit le mystère de la vie qui échappe au temps et à l’espace il vit la lumière qui traverse les ombres il vit la rupture de la mort dans l’éternité de l’être et il crut non comme on accepte une idée mais comme on reconnaît une réalité qui est plus vaste que le corps et que l’esprit qui se tient devant lui la foi naît de la vision directe de l’invisible de l’éveil de l’âme à ce qui ne peut être possédé ni expliqué mais seulement contemplé le tombeau vide devient alors le symbole de l’Être qui se déploie au-delà de toute forme et toute limite le disciple comprend que voir c’est entrer dans la vérité même de la vie qui se manifeste toujours et jamais ne se réduit à ce qui est montré et il crut parce que l’instant a dévoilé le fond inaltérable de l’existence et que toute peur et tout doute se dissolvent dans la lumière du non manifesté

le Tao

est comme 

un bol vide 

que nul usage ne comble 

un sans-fond dont toute chose a tiré son origine