Velimir le poète du futur
il est né
là où la steppe touche le ciel
là où le vent apprend aux enfants
le langage des nuages
son nom premier Viktor
parlait de victoire
mais lui voulut un nom plus vaste
Velimir
le grand monde
il écoutait les oiseaux
les chiffres
le craquement des lettres dans la bouche du vent
il savait que le mot est un être vivant
que la parole avant d’être sens
fut musique
il marcha parmi les hommes
avec des compagnons de feu
Maïakovski Kroutchonykh,
les fous saints du futur
ensemble ils lancèrent des pierres de voyelles
contre les vitres du vieux monde
à bas les musées criaient-ils,
vive le verbe neuf
Khlebnikov inventa un langage sans frontière
le zaoum
langue d’avant la raison
où chaque syllabe est une planète
chaque mot, un oiseau
Il rêvait de lois pour le temps
de chiffres pour l’histoire
d’un alphabet qui contiendrait l’univers
dans ses carnets tremblants
il calculait la date des guerres
et des renaissances
pauvre
errant
il dormait dans les gares
avec des constellations dans la tête
ses poches étaient vides
mais ses phrases brillaient comme des comètes
quand il mourut
dans une ferme perdue
le vent lui ferma les yeux
et dit
le poète est parti en avant
nous le rejoindrons plus tard
aujourd’hui encore
dans le bruit des antennes
dans la pulsation des écrans
sa voix chuchote
l’avenir parle déjà
écoute-le
il parle dans les mots que tu inventes
chant inspiré de la vie et de la voix de Velimir Khlebnikov
poète du temps et des étoiles
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