le vent traverse la vallée les pierres sont immobiles et pourtant elles respirent je marche sur la neige et chaque pas ouvre un espace que rien ne remplit le ciel pèse sur les arbres et les arbres pèsent sur le sol chaque souffle se tait avant d’arriver à ma bouche je regarde le vide entre les nuages et le vide regarde en retour
le mot tombe et laisse sa trace blanche sur la page le silence emplit ce qui manque le silence est la substance et la forme la rivière s’écoule mais son eau est immobile dans l’esprit je touche le sable et le sable retient son histoire le corps avance mais il ne touche rien et pourtant tout répond chaque pause est un cri retenu chaque blanc est lumière chaque souffle suspendu devient horizon
je marche longtemps et la marche devient langue le monde parle dans le creux de l’espace entre les pierres entre les arbres entre le ciel et le vent je n’écris que pour que ce silence reste que ce silence me traverse et traverse celui qui lit je n’écris que pour que le mot se fasse souffle et que le souffle se fasse monde le temps s’efface et le temps est tout ici
le corps se tait et le corps est vaste le paysage est vide et pourtant entier je ne cherche rien que la présence que chaque pas laisse que chaque souffle ouvre que chaque blanc devienne paysage que chaque silence devienne voix


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire