L’histoire splendide
n’est pas celle des grands gestes
ni des dates qu’on grave pour les retenir
elle se loge dans les interstices
dans ces moments que personne ne remarque
et qui pourtant déplacent la trajectoire d’un être
elle est splendide parce qu’elle ne s’annonce pas
elle pousse comme une plante discrète
dans une fissure du monde
à l’abri des discours trop sûrs
et des récits trop ordonnés
c’est une histoire faite d’éclats sobres
de rencontres minuscules
de décisions prises sans témoin
où la logique cède la place
à une forme d’évidence muette
elle n’appartient à aucun héros
elle circule se transmet
change d’apparence selon les voix
sa splendeur n’est ni morale ni tragique
elle tient dans cette manière qu’elle a
de révéler par degrés
ce que vivre veut dire
l’histoire splendide n’explique rien
elle expose
elle laisse apparaître la structure fragile des jours
les passages secrets où l’âme
s’oriente sans connaître ses cartes
on ne la raconte jamais complètement
on l’effleure
on en recueille quelques signes
on y reconnaît parfois
ce tremblement subtil
qui dit que quelque chose commence
dans la profondeur du présent
Fiat lux
parole qui fend l’obscur
origine en un seul souffle
la lumière n’advient pas
elle se déclare
et le monde suit
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