Au commencement étaient la peur et le désir
deux forces sans nom
antérieures à tout langage
à tout geste
à toute forme de monde
la peur retenait
resserrait le cercle
mettait des ombres partout
où la lumière hésitait à naître
elle enseignait la limite
le retrait
la prudence des premiers pas
le désir lui poussait vers l’avant
élargissait l’espace
ouvrait les jours comme on entrouvre une porte
dont on ne connaît pas encore la pièce
il était tension appétit d’être
promesse sans preuve
entre la peur et le désir
naquit une ligne fragile
un équilibre mouvant
où se tissa le premier acte de vivre
la peur disait reste
le désir disait avance
et c’est dans ce tiraillement même
dans cette alternance de recul et d’élan
que l’existence trouva sa forme
ni fuite
ni conquête
mais une circulation continue
entre ce qui protège
et ce qui appelle
au commencement
et peut-être encore maintenant
la vie se tient dans ce double foyer
la contraction et l’ouverture
la retenue et la projection
la peur et le désir
comme deux battements
d’un même cœur ancien
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