une pensée de la vague et du vent
une pensée mobile
sans point d’ancrage définitif
qui se forme dans le mouvement même
qu’elle cherche à comprendre
la vague ne conserve rien
elle avance
se replie
se reforme dans l’instant suivant
le vent non plus
il passe efface déplace
sans jamais s’arrêter assez longtemps
pour devenir objet stable
une pensée qui leur ressemble
ne vise pas la fixation
elle suit les lignes de force
capte les variations
admet l’instabilité comme condition
elle ne cherche pas la vérité
comme un roc
mais comme une oscillation juste
un accord provisoire
entre direction et intensité
la vague enseigne la forme changeante
le vent enseigne le rythme
ensemble ils montrent
que la constance peut naître
de la répétition des transformations
et non de leur absence
penser ainsi
c’est accepter que le sens
ne soit jamais tout à fait atteint
toujours en déplacement
toujours sur le point
de se recomposer ailleurs
une pensée de la vague et du vent
est une pensée vivante
ouverte respirante
prête à se laisser modifier
par ce qu’elle traverse
penser la poésie en termes de yoga-zen
revient à l’aborder non comme discours
ni comme ornement du langage
mais comme une pratique de présence
chaque posture est un ajustement
une écoute du corps dans l’instant
sans volonté d’effet
de même le poème n’est pas une performance
il est un geste juste
un alignement discret entre souffle et pensée
non le manque
mais l’espace où les choses peuvent advenir
sans être forcées
un poème zen-yogique
ne cherche pas la beauté
ne cherche pas la profondeur
il laisse la beauté et la profondeur
se déposer d’elles-mêmes
dans les interstices du langage
inspire
accueillir le monde
expire
lui donner une forme simple
sans y enfermer quoi que ce soit
on se rend disponible à ce qui parle à travers nous
lorsque le mental se calme
lorsque la posture intérieure s’assouplit
lorsque le jugement se tait
le zen enseigne le non-vouloir
ensemble ils conduisent à une poésie
où chaque mot est une posture
chaque silence un souffle
chaque image un instant de présence nue
une pratique
une écoute
une disponibilité à la simplicité vibrante du réel
le yoga offre une clé
le zen ajoute la dimension du vide
l’écriture devient alors une respiration
on ne fabrique pas un poème
Le yoga enseigne la stabilité
La poésie comme yoga-zen

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