A chacun sa poésie, qu'elle se prenne à la brume sur les bois, aux caresses de l'amour, à la première gorgée de café, à la beauté d'un art, aux hasards du jeu, à l'éveil des consciences, aux joies de la danse, de la rencontre, de l'amitié, à trois notes sur un air de rêverie, à tout et à rien, pourvu que le corps se sente en harmonie avec ce qui vit, qu'il s'imprègne de cette plénitude que seule accorde la gratuité des plaisirs
.
En tout moment offert au vivant, il y a l'éternité de la vie. C'est ainsi qu'à travers Hypérion, Non piu di fiori, Le temps des cerises et le parfum d'un tilleul renaît sans cesse, comme à jamais arraché à la mort, celui qui jadis l'a écrit, composé, planté, avec la grâce de l'offrande à soi, qui est l'offrande à tous.
avec Raoul Vaneigem
ADRESSE AUX VIVANTS
sur la mort qui les gouverne
et l'opportunité de s'en défaire
Seghers
2 commentaires:
Dans un poème, si l’on demande pourquoi tel mot est à tel endroit, et s’il y a une réponse, ou bien le poème n’est pas de premier ordre, ou bien le lecteur n’a rien compris. (…) Pour un poème vraiment beau, la seule réponse, c’est que le mot est là parce qu’il convenait qu’il y fût. La preuve de cette convenance, c’est qu’il est là, et que le poème est beau. Le poème est beau, c’est-à-dire que le lecteur ne souhaite pas qu’il soit autre. (…) La question de Beaumarchais : « Pourquoi ces choses et non pas d’autres ? » n’a jamais de réponse, parce que l’univers est vide de finalité. L’absence de finalité, c’est le règne de la nécessite. (…) Le malheur force à sentir avec toute l’âme l’absence de finalité. Si l’orientation de l’âme est l’amour, plus on contemple la nécessite, plus on serre contre soi, à même la chair, la dureté et le froid métalliques, plus on s’approche de la beauté du monde. C’est ce qu’éprouve Job. C’est parce qu’il fut si honnête dans sa souffrance, parce qu’il n’admit en lui-même aucune pensée susceptible d’en altérer la vérité, que Dieu descendit vers lui pour lui révéler la beauté du monde. (…) Toutes les fois qu’un homme s’élève à un degré d’excellence qui fait de lui par participation un être divin, il apparaît en lui quelque chose d’impersonnel, d’anonyme. Sa voix s’enveloppe de silence. Cela est manifeste dans les grandes œuvres de l’art et de la pensée, dans les grandes actions des saints et dans leurs paroles. (…) Tout être humain est enraciné ici-bas par une certaine poésie terrestre, reflet de la lumière céleste, qui est son lien plus ou moins vaguement senti avec sa patrie universelle. Le malheur est le déracinement. »
Simone Weil, Attente de Dieu [citée par Philippe Jaccottet]
Le coeur qui est à l'intérieur de la louange, c'est cela l'ouverture par où l'on pénètre jusqu'à moi.
Comprenez vous , coeurs fermés ?
gare à celui qui déchire !
J'aime le coeur qui s'ouvre et dont la prière fait un chemin jusqu'à moi
avec le psaume 49
traduction Paul Claudel
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