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Présentation de la troisième édition,
par Charles Le Blanc
La vie humaine ne connaît jamais qu’une édition. C’est l’avantage éternel que les livres ont sur elle. Ils peuvent traverser les époques, s’amender, se bonifier, revenir sur leurs défauts, masquer habilement leurs imperfections. Ils peuvent poursuivre des vies tranquilles dans les bibliothèques où ils peuvent vieillir en paix n’ayant plus guère d’ennemis irréductibles si ce n’est les autodafés, qui ne sont plus guère à la mode de nos jours, les vers et par-dessus tout l’indifférence qui reste finalement l’ultime ennemi du livre.
C’est du lecteur qu’un livre tire sa force. C’est par des générations de lecteurs qu’un livre peut être davantage qu’une existence d’homme. Ainsi en est-il du livre-brouillard de Lichtenberg dont les pensées demeurent actuelles malgré le passage de générations livrées aux vers. Nous ne sommes pas encore parvenus à faire le compte exact de nos faiblesses, ni à connaître la balance précise de nos ridicules : ce livre sert à en dresser le bilan.
L’œuvre de Lichtenberg, depuis sa première parution en 1800, est devenue classique. Elle prend le lecteur à témoin, elle se construit autour de lui, l’interpelle, le tutoie, mais de ce tutoiement qui est une forme supérieure de respect, lorsque les connivences, la complicité et la sympathie se sont fait jour entre deux intelligences, un jour qui apparaît souvent par la lecture.
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