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J'erre sur la plage, dans le vent doux de l'hiver, j'entends pleurer les tubes des roseaux, et le sifflement dans les ossements et les branches des anciennes huttes. Je frissonne, parce que c'est comme la voix d'Araceli, son souffle qui chante près de la rivière invisible.
Le siècle nouveaux commence, plus rien ne sera comme avant. Le monde ne retournera plus à son origine. La lagune n'est plus le lieu où la vie pouvait naître. Elle est devenue un lac mortel, le lac lourd et âcre du sang répandu. J'erre sur les plages, au milieu des ruines des huttes. Je suis peut-être devenu pareil au vieux John Nattick de mon enfance, qui pouvait rester devant l'eau grise de la lagune, au milieu des carcasses des bateaux inutiles, qu'il ne voyait plus. Est-ce qu'un enfant viendra un jour écouter la plainte des branches et des os ?
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