Les physiciens et les philosophes
parlent-ils de la même
chose
?
Certains mots, comme « temps », « espace », « vide », « matière », ou encore « réel » ou « réalité », appartiennent à la fois aux discours des philosophes et des physiciens.
Si
la physique et la philosophie sont bien deux disciplines qu’il importe de distinguer, il est nécessaire, pourtant, de les faire discuter sur les concepts qu’elles partagent. Prenons le réel, par exemple.
Quand ils en parlent,
les physiciens et les philosophes parlent-ils
de la même chose
?
Si
la réponse à cette question est « non »,
pourquoi utilisent-ils
le même mot
?
Si
la réponse est « oui »,
c’est-à-dire s’ils parlent effectivement de la même chose,
est-ce qu’ils en disent
la même chose
?
Sans doute que non :
Heidegger et Einstein tiennent
sur le réel des propos qui ne se ressemblent
guère.
Mais
s’ils n’en disent pas la même chose,
à qui accorder du crédit,
aux physiciens ou aux philosophes
?
On voit par là qu’il y a une certaine urgence à entrer en lutte avec la langue, et à ce que chacun précise de quoi il parle lorsqu’il emploie tel ou tel mot.
Dans cette Conversation scientifique, nous nous proposons d’entamer ce travail à propos du réel en nous posant cette question :
Qu’est-ce donc que le réel
?
Etienne Klein
la conversation scientifique
OVNI
enfants indigo
agroglyphes Crop Circles
Petits-Gris
Géants du passé
artéfacts antédiluviens
Mu
Reptiliens
pyramides en Antarctique
anges
Hyperboréens
Terre creuse
Pléiadiens
abductions
yéti almasty bigfoot
Shambhalla
channelling
Vénusiens
Atlantide
Mantes Mantis
bases US secrètes à technologie Alien
Illuminati
planète X
êtres de la nature élémentaux
Ummites
mégastructures lunaires
sirènes
énergie libre
Agartha
réincarnation
Hubrides
orbes...
Le réseau planétaire Internet met en contact des témoignages ou expériences insolites, que l'on dit « extraordinaires ».
Montent en puissance des nouvelles croyances qui heurtent nos « préjugés d'autorité » les plus fondamentaux, touchant à ce qui est réel ou irréel, possible ou impossible.
Cette déstabilisation est un défi pour la philosophie d'aujourd'hui, non pour pointer la « démocratie des crédules », ni, à l'inverse, pour accréditer des récits extravagants, mais pour ouvrir l'esprit à ce que nous tenions jusqu'alors pour impossible.
Face aux anomalies qui se précipitent, l'invocation du bon sens ne réfute rien.
Elle ne saurait remplacer la recherche d'une méthodologie renouvelée par rapport aux standards habituels, et appropriée à une prise en compte honnête de témoignages réputés incongrus, voire farfelus.
À leur égard la condescendance des « esprits forts » trahit une faiblesse.
Parce que les témoignages déroutants participent, eux aussi, à l'enquête sur ce que nous appelons « le réel », la raison appelle à les prendre au sérieux, invite la philosophie à reconsidérer la question de la vérité dans son rapport à la réalité et à la scientificité.
Contre les stratégies défensives d'un rationalisme tronqué, il s'agit bel et bien, à présent, de demander raison à la « société des sceptiques ».
Jean-Marc Ferry,
philosophe, titulaire de la Chaire de Philosophie de l’Europe,
de l’université de Nantes,
auteur de
Qu'est-ce que le réel?
Le Bord de l'eau,
2019
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