J'observe le ciel
Observer est un très beau nom. Les Romains distinguaient - au point d'imaginer là deux mots sans rapport l'un avec l'autre - servare et servire. C'est que le nom latin de l'esclave, servus, s'est chargé de tant d'ignominie qu'il ne pouvait plus être entendu dans son acceptation première. Dans nos langues romanes, "servir" s'est libéré du sens d'être esclave pour revenir à ce que dit servare : préserver, garder, conserver, maintenir sauf.
Observer,
au sens propre, c'est se mettre en situation de garder - par le geste de se tourner vers ce qu'il s'agit de garder, de se tourner vers lui et de consentir à lui laisser l'initiative.
Ce geste a sa propre envolée. Il est toute révérence. Plus exactement encore : il ne prétend qu'à faire place, céder le pas, reculer devant ce qu'il accueille. Laisser venir se manifester ce que l'on regarde, lui laisser prendre la place, que l'on a déblayée de ce qui l'encombrait. Ce déblaiement est la part ascétique de l'observation.
L.A.Photographies, les Saisies, janvier 2012
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