lundi, août 31, 2020

le temps

de l’essaim qui

s’organise 


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recouvrement moelle enfouissement entre lignes

le verbe 8b7ac81


perfusion d’irréel récursivités fausses

le verbe 9630029


la branche les fureurs  sans social  sous-histoire.

le verbe 321a482


partout s'ouvrir le code offrir l’impermanence

le verbe 596ff3d


base contre base flux  fuir nuage aveugle

le verbe 72d41a8


pousser l’information jusqu’à la division

le verbe 7728d85


*


quoi cœur de souffle et le souffle rayé des gestes répétés les gestes sont à la danse ils piétinent les aubes y volent l’érubescence pour se barbouiller l’être d’éther d’éternité y recouvrir l’être sans courses le crédit sans ressource les heures les travaillées les chômées les sources des jours chômés vrille d’extase l’ouverture la fracture et sans la matière évidée des quotidiens l’espérance pure ou purpurine la purée fard et fardage le visage le grimage la tiédeur et résurgence des iris la femelle la placer mâle la placer belle fêlée la fêlée est la paria reine



le temps 5d7bf0b



















je suis 

cueilleur d’oranges en Californie


je suis 

un mosaïste


je suis 

en prison naturellement


je suis 

petit-fils du chancelier de la reine








je suis

on ne peut plus à bout...


je suis 

ex-champion de France de boxe


je ne suis surtout pas chevalier de la Légion d’honneur


je suis cambrioleur


je suis ou voleur 

ou chercheur ou chasseur ou mineur ou sondeur


je suis vide 

d’idées et peu sonore


Je suis 

charmeur de serpents


je suis redevenu un homme


je ne suis pas 

homme de lettres jamais


je suis très fatigué de médiocres


Je suis muletier


je suis toutes les choses

tous les hommes et tous les animaux























cheminement 

parmi des collections classiques 

ou insolites 







de voix 
de nœuds 
d’éponges
d’origami
de coquillages
de miroirs
de petits crayons
de branches

...

qui racontent autant l’objet collectionné 

que le sujet collectionneur.

la trouvaille devient trésor

la matière inerte révèle sa magie muette 

la vie s’enchante

discrètement

de joies mineures

































 




Grotte Chauvet 

Ardèche

Photo Patrick Aventurier











Et lorsque nous-mêmes nous envisageons le geste inaugural qui aurait fait basculer il y a trente mille ans les hommes dans la possibilité de la figure, ou lorsque, en d’autres termes, nous tentons de nous représenter le champ de l’apparition pariétale, nous ne devons pas oublier, si pratique que puisse être, pour reprendre le sous-titre du livre de Bataille sur Lascaux, l’idée d’une « naissance de l’art », nous ne devons pas oublier que cette idée n’est que la nôtre et qu’à aucun moment, pour ce que l’on peut en savoir, il ne fut question d’art pour les hommes de ce temps. 

Si l’on sait à quoi et même à qui pensait Dibutade, jeune fille de !’Antiquité grecque et, comme telle, en un sens déjà très proche de nous, nous ne savons pas du tout à quoi pensèrent les hommes de l’aurignacien lorsqu’ils réalisèrent les extraordinaires peintures que la décou­verte de Chauvet a révélées au monde. 

Il est clair, et c’est la seule chose que l’on puisse dire avec certitude, et malgré tout elle n’est pas mince, il est clair qu’ils pensaient aux bêtes, aux animaux, et que ceux-ci, quels qu’aient pu être par ailleurs les motifs qui les convoquèrent sur les parois des grottes, les hantaient.


Ce qui signe pour nous l’apparition des hommes à eux-mêmes, ce n’est pas une image de l’homme mais les images qu’ils eurent à produire d’autres vivants qu’eux. 

Comme l’a écrit récemment Camille Fallen, tout se passe

comme si l’homme 

s’était vu naître à partir de l’autre, 

à travers tout un bestiaire mais sans lui 

Que l’on privilégie les hypothèses chamani­ques, la thèse d’une ritualisation ayant ou non partie liée avec la chasse, ou que l’on penche plutôt vers une approche esthétique des figures sans se prononcer plus avant sur ce qu’elles peuvent indiquer d’une mythologie perdue, il reste qu’on ne peut cesser de voir en elles les traces d’un effort d’intelligibilité, les traces les plus anciennes d’une lecture du monde à travers le dessin net et magnifiquement inspiré des chevaux, des rhinocéros ou des lions, quelque chose est retenu, quelque chose s’inscrit, un souvenir du monde vivant s’imprime et se suspend. 

Même si avec ce qui nous vient de cet univers de chasseurs-cueilleurs enfoncés dans une nuit des temps quasi inconnue nous sommes très loin de ce qui a pu éclore dans le monde déjà pleinement historiai des Grecs, il reste que ce qui vient se configurer comme origine est organiquement lié, dans les deux cas, à la puissance d’un mouvement d’affect et que ce mouvement, que nous rapportons à l’art, se’ st intégralement déployé, comme tourment mais aussi comme preuve, dans une sphère d’impulsion qui n’a pu rejoindre celle de l’art qu’après coup, dans notre jugement.


Ici nous touchons un point que les deux récits d’origine — celui, fictif mais institué, de Pline l’Ancien et celui, fictif et imaginaire, de l’art pariétal — nous aident à circonscrire si nous les entendons bien, c’est-à-dire si nous parvenons à les extraire de la gangue destinale qui les nimbe. 

« Le premier (ou la première) qui... » nous engage sans doute et il engage toute l’humanité, mais sans le savoir ni le vouloir. Au moment où les gestes qu’il fait convergent vers ce qui sera pour nous le geste de l’art, il n’est pas tout l’homme ou toute l’humanité, il n’érige aucun piédestal et n’institue aucune future majuscule. 

Peut-être est-ce depuis ce socle et cette majuscule que l’Homme, tout entier requis par une émotion narcissique rétrospective, les contemple, mais de cela ils n’eurent cure : Dibutade, à la lueur d’une lanterne, cherchait à conjurer une absence à venir, les hommes de la préhistoire, à la lueur de flambeaux, déposaient sur les parois d’un monde souterrain les figures divines d’un dehors qui les hantait.

Et ce que je crois, c’est qu’entre ces scènes nocturnes discrètes, lointaines et même, dans un cas, privée et la grande saga d’une histoire de l’art tout occupée à légitimer son devenir par la fabrication d’une origine héroïsée, il y a un véritable hiatus.


Dès lors ce sont des gestes qui viennent et non plus un seul geste. Ou du moins la pensée de ce geste doit-elle se détendre, et s’étendre à toute une chorégraphie de gestes et d’écarts, de ruses, d’intuitions et sans doute aussi de ratages. 

Ce qui est convoqué de la sorte, c’est peut­ être moins la venue de l’art que la fabrication de sa possibilité, que la constitution lente et sans visée, sans telos, de son champ d’immanence. 

Par rapport à ce que sera ce champ, nous sommes encore hors champ, dans un espace où rien encore ne s’est fixé, et où la sphère esthétique comme telle n’existe pas encore, ce qui revient à dire qu’elle est en train d’advenir et de se constituer, mais via des gestes et des pensées qui ne pensent ni à elle ni comme elle. 

Donc ce n’est pas l’Homme qui se dresse et qui, fort de la station debout, du langage et de son pouce opposable, s’impose à lui-même et inaugure le grand récit de l’art, pour le plus grand contentement de ses chantres tardifs. 

Autour des feux, des cabanes, des campements, avec quelques outils, quelques pigments, beaucoup de frayeurs et aussi de joies, une agitation se produit, une agitation spirituelle, elle descend sous terre, emportant avec elle des images, des affects et des gestes techniques qu’elle essaye en broyant, en palpant, en crachant — en dessinant : de ce qui se passe ou s’est vraiment passé on ne sait rien ou presque, on ne peut que constater qu’il y a trente mille ans à Chauvet ont vécu ou sont venus des hommes qui ont laissé ces traces et que des traces de ce genre, dont on peut supposer de façon lacunaire les circulations, d’un gisement l’autre, ont continué de se propager pendant des millénaires, voilà tout, et quand nous rassemblons cela dans un geste, alors que ce soit sans effacer ce caractère de bricolage silencieux. 

Plutôt qu’à un brusque surgissement nous devons penser à des sortes de feulements ou de frôlements, à une venue lente et incertaine, peut-être extasiée mais certainement pas triomphante. 


L’imagement, 

Jean-Christophe Bailly, 

Seuil, 

Fiction & Cie, 

2020


source Liminaire

ici





















lectures


la prose souple et mélodieuse d’Albarracin   

apparaît comme 

une chair verbale positive et articulée

pour incarner selon les lois noétiques courantes 

les opérations sauvages 

de la pensée contrariée et fugace du poème 

qui ne se laisse voir qu’en creux 

et négativement 

ou

comme disait l’autre

en énigme et en miroir  


la critique se fait ainsi l’art du discours

indirect libre 


le monde est infini parce qu’il est regardé

 

penser le monde

c’est constater par les yeux qu’il est le monde, 

c’est en somme l’entraîner dans un cercle vertueux 

que nous déclenchons en ouvrant les paupières


qui parle ici 

est-ce Albarracin  ou Ana Tot 

qu’il est en train de lire


l’un et l’autre  ni l’un ni l’autre  

c’est leur dialogue qui produit cette idée sur le monde 

sur la manière dont le pense la poésie 


la prose y gagne 

un aperçu 

qui n’a pas de prix 

sur 

une opération de pensée idiosyncrasique  


le poème qui risquait l’autisme 

trouve quant à lui 

un delta inespéré vers le monde commun 


et le critique

arracheur de dents en or 

élégant et brutal 

peut ajouter ce butin 

à sa propre mâchoire


















dimanche, août 30, 2020





Avec 
 
Qian Youfa Wang Fengjuan  Sun Zhangjian

le destin d’une famille s’écoule au rythme de la nature
du cycle des saisons et de la vie 
d’un fleuve














Selon les mots de son réalisateur  le titre du film fait référence à la célèbre peinture qui porte le même titre de Huang Gongwang dynastie Yuan 

Mais alors que la peinture du XIVe siècle évoque une vie paisible  dispersée le long des berges du fleuve  le film montre la vie de la Chine actuelle

Gu Xiaogang évoque le choc qu'il a eu en retrouvant sa ville natale totalement transformée en peu de temps avant les jeux Olympiques de 2008

L'histoire se passe entièrement dans la ville-district de Fuyang  dans la province du Zhejiang  ville natale du réalisateur  située dans la ville-préfecture de Hangzhou proche de la mégapole de ce dernier en passe d'en devenir un district  et en pleine reconstruction depuis le début du XXI siècle comme tout ce qui touche à l'urbanisme contemporain en Chine 

Un métro va relier les deux centres urbains et une ligne à grande vitesse va la lier à Pékin en 5 heures 

Selon les mots du réalisateur
le Temps y est le personnage central







Le film s'inspire aussi d'une autre peinture célèbre en Chine : 

Le Long de la rivière durant la Fête Qingming du XIX siècle  laquelle s'inspire d'une peinture beaucoup plus ancienne qui porte le même titre  et qui date du XII siècle à l'époque des Song

Le film évoque les saisons de la vie ainsi que les saisons de la nature

Les deux rouleaux présentent une multitude de personnages bien vivants  à la différence de la peinture de Huang Gongwang 

La vie qui traverse le film correspond plus à celle dépeinte sur les deux rouleaux montrant l'activité d'une grande ville mais à des époques qui nous sont bien lointaines aujourd'hui.








le regard 
de Gu Xiaogang 
est bienveillant et mélancolique 

l’émotion 
esthétique se double 
de l’identification aux rêves 
comme à l’effet boomerang de la réalité 

un assemblage ambitieux
mais qui n’écrase pas tout sur son passage

la visée artistique du cinéaste 
n’oublie pas le cœur précieux de son travail  

la vulnérabilité


Olivier Pélisson


































 


mais 

la vie elle-même 

n’est difficile qu’à force de simplicité


elle

n’est faite que 

d’

un petit nombre de choses 

d’

une grandeur 

à laquelle nous n’accédons pas








mais 

elle se dégoûta très vite

du travail acharné  


jamais

elle ne parvint à rien écrire

et resta loin de cette caste

jalouse

dont je ne dis rien

attendu que j’y appartiens


nous pouvons donc supposer 

l’existence d’

un second état bien défini

extraordinaire

capital 

auquel l’homme est capable d’accéder 

et qui est plus ancien 

que toute religion




détournement

montage 

antanaclases

l'antanaclase substantif féminin du grec anti contre et anaklasis répercussion est une figure de style qui consiste en une répétition d'un mot ou d'une expression en lui donnant une autre signification également reçue mais toujours de sens propre  c'est une figure de la polysémie qui vise un effet humoristique  proche du jeu de mots  elle est très proche de la paronomase et surtout de la syllepse de sens il existe l'antanaclase elliptique proche du zeugma qui est une tournure de phrase dans laquelle un mot est utilisé une seule fois elliptique mais avec deux sens différents  l'annomination est une variante de l'antanaclase


réappropriations 


interpolations

 

désauctorialisation, … 


un même feu nous touche  

un même cieu nous couve


list-making 

lire extraire noter



mouille 

un caillou

assombris-le

et son éclat sèche aussitôt

comme 

un peu de brume lui venant
























qu’est-ce que la critique littéraire 

on peut 

schématiquement distinguer 


1

la critique des lecteurs 

partageant des coups de cœur 


2

celle des prescripteurs 

aiguillant le grand public vers les marchandises 












celle des contrôleurs qualité

évaluant des produits culturels 


4

celle des savants

cherchant dans les œuvres à confirmer 

ou raffiner leurs conceptions de la littérature 

 

5

celle des philosophes

en quête d’

une incarnation pour leurs squelettes conceptuels 


celle des pairs 

la plus courante dans le monde de la poésie 

qu’on peut à nouveau diviser en deux types 


 6a

la louange truquée 

qui ne fait mine de relever 

de l’une des cinq précédentes 

que pour mieux épauler la promotion d’un camarade 


et 6b 

mais qu’est-ce que 

6b

?


















 

NATSU NO KAZE

vent d'été


il y a celui du sud

la brise qui vole à travers la verdure revenue

le souffle parfumé


vent d'été

sur mon bureau papiers blancs

de s'envoler









MINAMI

vent du sud


tout le jour

l'orbe solaire se trouble

au vent sauvage du grand sud


passe le vent du sud

les visages se lèvent

au son des chants de joie




MAJI


la terre est obscure

où se glissent les chats

quand glapit la nuit des vents du sud



















il y a 

un livre

à mon avis 

qu’il faut relire d’urgence 

la Servitude volontaire de La Boétie 

on y trouve formulé 

pour la première fois  d’une façon décisive 

et périodiquement oubliée

l’axiome suivant 


tout pouvoir ne vit 

que de ceux qui s’y résignent







on agite toujours le fait que le méchant serait à l’oeuvre  à l’insu des peuples ou contre eux  sans qu’ils participent le moins du monde à ce qui leur arrive  comme si  les intellectuels n’avaient pas décidé de baisser les bras  voire de ne pas se battre 

la servitude volontaire insiste pourtant sur le fait que le tyran  quel qu’il soit si on cessait de le soutenir s’effondrerait de lui-même

supposons que ce qu’on a appelé la gauche  dans toutes ses composantes et ses histoires souvent dramatiques parfois glorieuses  soit structurée masochistement  le surmoi lui dit à l’oreille de l’inconscient 


tu jouiras de perdre

car c’est la seule voie qui te soit offerte 

imaginairement pour jouir 


ça jette 

une lumière sur ce qui peut arriver 

dans certaines périodes de l’histoire 

à considérer simplement l’hexagone 

mais tout est lié


contre le masochisme




















 


imagine-tu le bruit

sais-tu murmurer à mon oreille


arbres poussiéreux 

soleil de plomb

dans le ciel des idées

quartier fantomatique


sais-tu le reste

oui je sais le reste

entre farce et drame

toujours et encore












pas au jour d'huis

un bouchon au fil de la rivière


nous n'aimons pas le vent

la neige ne nous importune pas

je rêve ou je travaille 

chanter comme elle un peu













peux-tu épeler pour moi

épèle flacon aux sortilèges

ça va très vite

incompréhension totale 

des choses brèves


quel est le nom de cette épingle

nous utilisons l'élastique

elle a trouvé le ton juste

un plongeur traverse en apnée


peux-tu me sourire

imagine-tu ce que je dis 

une salle à moitié vide


être remarquable

être remarquablement ainsi

bien des interrogations


peux-tu dire efficace 


merci beaucoup

au revoir orthographe

n'importe qui peut voir des vers


je peux dire en vérité jamais meilleure

la poésie est très joliment faite


dis-tu plaisir

notes sur l'air et le vent



















 
1783  âge 74 ans

en 1783 
il dut à nouveau batailler 
et peut-être plus que jamais contre la maladie
ainsi qu'en témoigne sa correspondance
ce qui ne l'empêcha pas de continuer
à cultiver comme il l'avait toujours fait
l'amitié les Belles-Lettres et la piété


la frugalité est la garantie 
de la tranquillité et de la bienfaisance 

on ne peut aider les autres
que si l'on commence par s'aider soi-même
car avant de pouvoir donner
il faut avoir su économiser


parlant de la conversation il dit










la conversation est la grande école de l'esprit  non seulement en ce qu'elle l'enrichit de connaissances qu'on aurait difficilement puisées à d'autres sources   mais en le rendant plus vigoureux  plus juste  plus pénétrant

le mouvement de la conversation donne
 
à l'esprit plus d'activité  
à la mémoire plus de fermeté
au jugement plus de pénétration

le besoin de parler clairement 
fait trouver des expressions plus justes

le désir d'écouter favorablement 
suggère tous les moyens de l'éloquence
que permet la conversation familière 
et quelquefois aussi des formes oratoires...


























les États-Unis d’Amérique 

sont sans doute le pays au monde

le plus riche 

en ruisseaux limpides et en voies navigables

et aucun peuple ne mérite autant ces avantages 

ni n’est destiné à en faire

un aussi bon usage

que ses citoyens industrieux et intrépides



j’imagine 










un champ que vous traversez 

entre 

Grover’s Corners  Ohio  

et 

Parkersburg  Ohio 


dans ce champ

on dénombre 

51 écureuils

206 souris 

6 serpents 

et 

des millions 

de bestioles d’insectes de fourmis et d’araignées


tous en train d’hiberner





quand on n’est que vigueur 

lutte et solitude

vos petits 

parce qu’ils sont doux potelés vulnérables 

peuvent vous sembler des

proies


















Une 

femme

mère au foyer

vit l’essentiel du quotidien 

dans sa cuisine


















L’âge est venu, elle a surmonté un cancer, et dans sa tête elle rumine le monde, ses folies, ses dangers, les fusillades dans les écoles, la crise économique qui fait toujours payer les mêmes, la pauvreté, l’angoisse du lendemain, les équilibres plus que précaires, sa mère décédée d’une longue maladie. 

Ça se passe dans l’Ohio. 

Et ça nous parle, au plus profond, de tout, partout. 

Cette femme pense aux diverses tâches domestiques qui l’attendent, nécessaires à faire tourner le ménage. 

Elle s’indigne, contre Trump, ce président terrifiant, ou face au dérèglement de la planète, mais aussi contre la domination patriarcale, l’asservissement des femmes ou l’extermination des Amérindiens. 

Tout cela roule dans sa tête. 

Et c’est parti pour une formidable aventure narrative, en une coulée pleine de rebondissements, scandée par une formule litanique – « le fait que » – qui vous emporte dans une apnée littéraire exceptionnelle.


Dans ce livre finaliste du Booker Prize et salué par une presse dithyrambique, Lucy Ellmann réussit le miracle de nous faire toucher à l’universel par le biais du plus intime et du plus infime. 

Par son humour corrosif, elle mène une charge impitoyable contre l’Amérique et le monde d’aujourd’hui, et dresse un admirable portrait de femme – de toutes les femmes.


Traduit de l'anglais par Claro


Lucy Ellmann est née à Evanston, dans l’Illinois. 

Lauréate du Guardian Fiction Prize en 1988 pour son premier roman, Sweet Desserts, elle consacre depuis sa vie à l’écriture. 

Un seul de ses livres a paru à ce jour en France : Petits Désastres de la vie ordinaire (Seuil, 1995). Les Lionnes est son huitième roman. 

Lucy Ellmann vit aujourd’hui à Édimbourg.
























samedi, août 29, 2020


Emily Brontë 


déclara

à sa sœur Ann

à son père

aux deux vicaires  

aux deux servantes

quand elle fut de retour dans la cure

à Haworth 


à partir d’aujourd’hui

j’exige que personne ne se mette en travers de mon désir

de me tenir à l’écart




à l’écart des visiteurs

bien sûr

 

à l’écart des fournisseurs

cela va de soi


mais encore

 

à l’écart 

des autres membres de la famille 

cousins cousines nièces

tantes


désormais 

je veux qu’on me fiche

la paix

 

s’occuper des pauvres

apporter le thé aux pasteurs en visite 

voilà qui est au-dessus 

de mes forces



la liberté 

selon la conception qu’en a Emily Brontë 

n’est pas un état


il s’agit d’

un irrépressible élan d’émancipation 

qui entraîne dès la sortie du ventre maternel

et qui est à ses yeux 

infini


la liberté 

c’est

la préservation 

de l’isolement personnel

originaire 


elle dérive 

de l’autoenlacement fœtal 

si proche du mouvement que font les

bourgeons des fougères dans leurs crosses

menues avant qu’elles 

se déplient 


cette unité 

qui est aussi une union avec soi 

est antérieure à la relation duelle 

qui s’instaure 

aussitôt que la mère nourrit 

son nourrisson en tendant son sein et en inclinant

son regard


antérieure 

à la relation ternaire

par laquelle la grammaire commence 

à laquelle 

on a noblement associé le nom

du roi Œdipe


antérieure 

aux relations plurielles et familiales 

soumises et puériles


scolaires 

adolescentes et honteuses 


collectives 

droits et devoirs des citoyens


cette façon 

de concevoir le destin des jours et l’évolution des âges 

est proche des enseignements 

du bouddhisme 


libération 

des étapes successives de la morphogenèse


puis de 

celles de la phylogenèse

puis de 

la hiérarchie des classes sociales 

puis des 

bienfaits et des contentions angoissantes de

la civilisation 


un matin 

alors que la nuit finissait 

le prince Çakyamuni se leva de sa couche 

sans faire de bruit 

quitta pour toujours son épouse 

enjamba le corps de son fils qui dormait

sortit du palais de son père

rejoignit 

un arbre au bord de l’eau

s’adossa à son tronc 


jusqu’à sa mort

il resta assis 

dans l’ombre de sa ramure



*


Pascal 

la Réponse à Lord Chandos


il y a 

une clé qui ne sèche jamais 

il s’agit de la clé qui déverrouillerait l’origine

la clé de la chambre interdite 

on ne sait si elle est tachée de sperme ou de sang

on hésite toujours

















celle-ci est ma vie 


celle d’en haut

celle de la brise pure

celle de l’ultime oiseau


celle des cimes d’or et de l’obscur !


cela 

est ma liberté


sentir 

la rose


couper 

l’eau froide de ma main folle


dénuder 

la futaie


prendre 

au soleil sa lumière éternelle !



instants où le demain

ne compte pas 

où tout s’achève


aujourd’hui  

et 

je suis  prêt


à tout

peu importe à quoi

ni avec quoi !


comme se hausse

mon être 

que je suis grand


alors !

comme je suis seul 

!


et 

comme je manque peu

et 

l’homme et dieu 

!


*



Juan Ramón Jiménez

il arrache 

avec la racine la bruyère

pleine encore de la rosée de l’aurore


oh 

quel arrosement de terre

odorante et mouillée

quelle pluie 

quelle cécité 

d’étoiles


en 

son front 

en ses yeux 

!










Air 

les sables lavés par les vagues 

 

au-delà des nuées s’élève 

un pavillon rouge


lieu retiré et loin de tout


au-dessus 

des Cinq Lacs 

le son de la flûte perce 

la saison





après avoir rangé trente mille peintures et livres

il monte avec eux sur sa barque


miroir et brûle-parfum

tendresse 

grâce et tranquillité


il relève pour moi le rideau 

juste comme il faut


sans souci 

de la fraîcheur du vent et des vagues 

sur le lac


il me regarde 
















 


J’ai vu 

les noirs Véda

le Coran et l’Évangile

et 


les livres 

aux plats de soie des Mongol

eux-mêmes faits de la cendre des steppes
















du kizäk odorant

comme le font

les femmes kalmoukes chaque matin

faire un feu

et se coucher soi-même sur lui

veuves blanches

cachées dans un nuage de fumée

pour accélérer la venue

du livre


Ce livre un

bientôt vous le lirez     

bientôt


Blanches     

les mers brillent

dans les côtes mortes des baleines


Chant sacré     

voix sauvage mais juste


Et 

les fleuves azur     

sont les marque-pages

où 

le lecteur lit

est l’arrêt 

des yeux qui lisent


Ce sont les grands fleuves 

la Volga 

où 

la nuit on chante à Razine

où 

on allume 

des feux sur les barques


le Nil jaune     

où 

l’on prie le soleil


le Yang-Tsé-Kiang     

où 

est la fange épaisse des humains


la Seine     

où sont vendues 

des femmes aux yeux sombres


et le Danube     

où 

toutes les nuits brillent

des hommes blancs sur les vagues     

sur des barques en chemises blanches


la Tamise     

est l’ennui gris des bâtiments 

dieux pour les foules


l’Ob renfrogné     

où 

on fouette 

le dieu tous les soirs

et où on danse devant un ours 

à l’anneau de fer sur son cou blanc

avant qu’il ne soit mangé par toute la tribu 


et le Mississippi     

où 

les hommes 

ont pris pour pantalon le ciel étoilé

et portent un chiffon de ce ciel sur des bâtons



Le genre humain 

est le lecteur du livre 

et 

la couverture 

porte l’inscription du créateur

mon nom     

archaïques caractères bleus


Mais 

tu lis nonchalamment

plus d’attention !


Tu es trop distrait 

et 

tu regardes en paresseux

comme si c’était les leçons d’un catéchisme


Ces chaînes 

de montagnes enneigées et ces grandes mers


ce livre un

bientôt     

bientôt tu vas le lire


Dans ces pages saute la baleine

et l’aigle     

qui a plié la page de l’angle

se pose sur les vagues marines

pour se reposer 

sur le lit 

du

pygargue



*



des signes 

d’écriture archaïques 

comme si de tout temps la 

couverture du livre portait le nom


Le Livre évoque

par son aspect de  montagnes enneigées 

l’espace nietzschéen

il reprend l’ancien topique du monde comme livre 

dans une version cinétique 


L’aigle 

quitte les sommets

pour se poser sur la mer et devenir 

aigle des mers


Je ne sais si 

Khlebnikov 

pensait à la Thora d’en haut qui suit le même 

mouvement


Quoi 

qu’il en soit

puisqu’encore une fois 

il s’agit du temps 

et plus spécifiquement du temps de la lecture

on pourrait dire que Khlebnikov

là aussi

introduit la discontinuité

























ainsi 

je constitue 

la première pile de livres  

un rêve d’escalier


je mêle 

les deux langues 


non pas 

une conjonction

mais 

un micmac de lectures










deux langues 

qui se joignent peuvent tout 

renverser







entre 

les livres 

je suis harassé 

je cherche

mais 

ce n’est pas cela

ce n’est pas encore cela 


c’est très joli 

de prendre des notes

mais 

ce n’est pas ça

non pas encore ça


deux bonnes pages 

c’est le bout du monde et le bout du monde 

est exaltant


je quitte la table

je scrute l’escalier



















Donatella 


si 

tu t'interposes 

opaque entre moi et la lumière

je ne suis plus personne

vivant


 


sur la vitre

le 

dessin 

d'

un souffle

avant comme après  invisible


Flora



dans les temps éloignés 

les hommes avaient six doigts

le sixième 

était toujours en feu


il suffisait 

de toucher du doigt les choses


c’est

contre les pierres 

le secours de la poésie


il s’agirait au fond

par-delà la chimère 

de trouver 

la circulation de la joie dans le soleil

 

un mouvement circulaire

un chemin personnel vers l’équilibre 


par-delà symétries et asymétries 

vers le cœur réconcilié 


il y a 

une façon d'employer le mot 

qui fonde l'éveil de la conscience 

sur l'extension sociale de la notion d'homme 


retournant 

le rapport ordinaire des facultés entre elles

cette discipline exige qu'au lieu d'envelopper l'être

le connaître aspire à s'en envelopper 

et pose 


L'UN

comme le germe de tous

























allez 

savoir pourquoi tirer 

sur 


une 

simple cigarette 

est si bon














cigarette 

qu’on fume à deux en amoureux


cigarette

qui pourrait aider à réfléchir


cigarette

qu’on retient habilement entre les lèvres tout en parlant


cigarette

qui repart quand on la croyait éteinte


cigarette

dont on récupère la cendre 

dans la paume en se brûlant un peu


cigarette 

qui apaise l’angoisse




elle

roulait 

adroitement 

et 

collait 

d'

un coup de langue 

une cigarette



cigarette 

de tabac blond

de tabac brun


cigarette 

blonde brune

cendre 

filtre

fumée 

mégot de cigarette 

cartouche

paquet de cigarettes

étui

papier à cigarettes 


avoir 

une cigarette à la bouche 

aux lèvres



M. 

garda 

les yeux baissés sur 

une cigarette 

qu'elle était en train de rouler 


elle utilisait 

une boîte 

d'

un mécanisme spécial

il fallait disposer le tabac dans 

un moule 

placer la feuille de papier dans 

un cadre 

la mouiller sur le bord 

 

elle en avait pour 

un moment


drôle de jeu

















vendredi, août 28, 2020


dans la nature 

l’horizon 

est 

une illusion 


dans l’œuvre picturale

il est réel 


les lois de l’optique  

qui 

en face de l’objet naturel sont subjectives 

deviennent objectives dans 

l’œuvre d’art






les couleurs du peintre 

sont des objectivations des lois de l’optique 

en fonction du plaisir ou du 

déplaisir 

et donc 

des abstractions


par-delà la place particulière qui lui revient 

spécifiquement

l’art détermine la vision 

en général


la mémoire de tout l’art qui a été vu 

pèse sur le spectateur 

qui regarde 

un tableau 

en particulier ou reçoit 

une impression 

de la nature


l’art ne prend pas pour objet 

des objets mais la vision 

mise en forme 


*


et 

quelque chose 

de


ce chant

se détache



au-delà

du cube scellé

de l'espace


 au-dessus 

de la nuit de l'écrit

passe 

un astre de chair


sans nom

solitaire

périssable


qu'est-ce qui appelle 

?


pupille 

cherche

                      comment aimer

 

comment

                      aimer mourir 

d’aimer


le fil de la lumière

et 

le fil de la mort


tissent l'espace

éblouissant


le vrai nom de toute chose est caché

peut-être 

et 

inaccessible


et ce vrai nom 

si on le trouvait

mettrait en péril la réalité même de la chose 

car il pourrait bien être plus fort 

et plus vrai qu'elle


Ou bien 


le vrai nom des choses 

serait à ce point identique à celui qui le prononce 

qu'on ne pourrait percevoir 

que le silence.

Ophélie



feuille lente

dans l'air avec frissons


et 

pourquoi
























la randonnée 

renforce le squelette et les articulations

la randonnée 

limite les risques cardio-vasculaires

la randonnée 

lutte contre le surpoids et l'obésité

la randonnée

améliore la respiration

la randonnée 

entretient les muscles

la randonnée 

renforce le système immunitaire




la randonnée 

fortifie le cerveau

la randonnée 

diminue les accidents

la randonnée 

redonne le moral


la randonnée

entretient 

avec le temps

une relation particulière
























mobile 

translation

déploiement 

forces motrices 

rotation 


ou bien 

 

chambre noire

œil

glaucome

image 

rétine 

regard


*




viens chanter et t'asseoir

ce n'est pas le moment de discuter

une splendide table petite table

une splendide petite table


qu'est-ce qu'un homme

qu'est-ce qu'une femme

qu'est-ce qu'un oiseau


peut-tu ne pas siffler
































j’avais le projet

ça me reprend parfois d’

un roman totalement synthétique

sans

un mot de moi

fait de phrases trouvées ailleurs 

dans les livres des autres... 


un roman 

constitué de pièces rapportées 

comme les mains d’

un assassin 

cousues au pianiste 

par le Dr Gogol









c’était 

une expérience curieuse 

habiter à l’intérieur des citations, 

se glisser entre les guillemets tel 

un poisson


la vérité 

est que j’ai été très profondément atteint 

par la plus vieille tentation protéenne 

de l’homme 

celle de la multiplicité


le moi 

dans 

un certain sens

est comme 

une fente mobile 

qui se déplace sur 

un film

progressivement


dans la vie normale 

l’organisation bipolaire est presque permanente 


cependant 

les limites du moi 

et de ce qui lui est extérieur ou étranger 

ne sont pas absolument stables


enfin

même si l’on a pu constater 

qu’elle était loin d’être la seule

la dimension amoureuse court tout du long

entremêlant souvent avec humour 

envolées lyriques et retombées 

triviales 


le poème est plus beau si nous devinons 

qu’il est l’expression d’

un désir 

et non pas 

le récit d’

un fait


je pense aux draps de son lit

 

c’est bon

c’est du melon


pourquoi 

ne pas profiter de tout ce qui s’offre à nous 

dans ce monde 


au chalet du désir 

au palais des caresses 

à l’hôtel de l’exercice érotique

les ânes clignent des yeux



















c’est trop compliqué


d’être 

un homme


de travailler de dialoguer 

de s’étonner de sourire d’encaisser sans rien dire 

de ne pas douter de soi des autres 

c’est compliqué 

d’être curieux 

d’être ouvert 

d’être attentif 

d’être prêt au meilleur comme au pire 








de supporter la douleur 

l’abandon la déception la jalousie 


c’est compliqué 

d’aimer 

d’être sûr de soi 

d’être rassurant 

d’être fort 


c’est compliqué 

de ne pas en vouloir aux femmes 

à toutes les femmes d’éduquer des enfants 

de rester là 

de regarder la télé d’un air détaché 

de réprimer ses désirs 

de faire 


comme si 

c’était normal 

comme si 

c’était normal de vivre et de mourir 

comme si 

ce n’était pas révoltant humiliant désespérant 

comme si 

on n’avait rien de mieux à faire qu’attendre 


c’est compliqué 

d’accepter la mort de ses parents 

de ses amis et bientôt la sienne 

de ne pas succomber à la panique à la lâcheté 


c’est compliqué 

d’être propre bien habillé correct présentable 

de se contrôler 

de se maîtriser 

de se contenir 

de se respecter 

de manger avec des couverts 

de boire dans des récipients 

de se lever 

de se coucher 

de chier aux bons endroits et à heures fixes 

de se raser 

de bricoler 

d’être tolérant 

d’être indulgent 

d’être humain 


c’est compliqué 

de comprendre 

ou 

de cacher quand on ne comprend pas 

d’être ingénieux 

ou 

de cacher quand on ne l’est pas 

de s’habituer 

ou 

de cacher quand on ne s’habitue pas 

d’être furieux sans le montrer 

d’être triste sans le montrer 

d’être seul sans le montrer 

d’être là plutôt qu’ailleurs 

d’être prisonnier 


c’est si compliqué 


il prend 

un couteau sur la table 

et comme elle continue à parler avec des mots 

qu’il ne saisit pas 

il l’efface et il s’efface avec elle 


d’être 

un homme 

c’est trop compliqué 


on n’est pas là pour disparaître

Olivia 
























jeudi, août 27, 2020




ÉTÉ 18

FRÉDÉRIC FORTE

entre le 21 juin et le 22 septembre 2018 

chaque jour, 

avec des choses ramassées

planches métal carton ficelle

j’ai fabriqué un poème




Entre le 21 juin et le 22 septembre 2018

chaque jour était un poème

F.F.



Dans son poème Une collecte  Frédéric Forte prélevait des fragments de phrases dans un livre de Marcel Mauss pour les reconfigurer anagrammatiquement : 

C’est d’une collecte encore qu’il s’agit avec Été 18 mais cette fois-ci la contrainte est remplacée par un protocole  la page de l’ethnographe par une journée d’été et le livre est une saison

Les poèmes naissent de la trouvaille  dans ces jours  et d’une opération de bricolage 

Photocopiage mental  avant écriture  de la poésie qu’on a trouvée dans la vie

Enchantement aléatoire comme ces choses intrigantes que l’on glane enfant  sur la plage dont l’origine ne se laisse pas toujours deviner



*



d’après 

Emmanuel Hocquard

il en va de la lecture comme de la pêche à la ligne 

vous pouvez rester 

des heures à ne rien prendre et soudain 

vous prenez quelque chose


Simplement 

il existe 

des livres dans lesquels 

comme 

dans certaines rivières 

ça  mord  plus qu’ailleurs


peut-être 

s’agit-il en premier lieu des livres 

dont l’intérêt réside dans la surface parce que 

la dite surface contient 

une profondeur insoupçonnée


c’est 

une question 

d’énigme et donc 

d’évidence 

 

comment faire un livre qui 

comporte les clés de sa propre élucidation, 

sans rien céder sur l’énigme 

qui le fonde 

Xavier Person à propos d’Hocquard



été 18 de Frédéric Forte par Émilien Chesnot

ici
















 

NATSU NO HOSHI    


étoiles d'été


au même titre que la lune

le fourmillement glacé des étoiles procure

une sorte de plaisir


les vacances qui éloignent des villes

rapprochent des étoiles











le ciel est plus clair 

à la campagne ou au sommet des montagnes

c'est

une période 

de repos 

où l'on apprend

à reconnaître les constellations

celle du Scorpion de la Vierge du Bouvier




fraîcheur d'étoiles

contes d'Andersen

et les autres


déjà l'étoile de métal

des nuits d'été

étoile avant-courrière 
















poésie 


encore et poésie poésie

poétique poésie poésie poésie

poésie poétique de poète poétique


poésie


trop de poésie

!






je suis l'homme

la santé

le parfum

les mots







voici 

la montagne

la montagne ouverte de part en part


voici 

la montagne 

soudain brisée pour que l'œil voie 

le commencement 

du monde

 

et

voici la mer

d'

une vague  l'autre 

il y a 

le temps de la vie


de ses vagues à mes yeux 

il y a 

le temps de la mort



il fait 

probablement déjà jour

quand je me mets 

à rêver


je sais 

que je suis au fond 

d'

une grotte


le mot 

est sur mes lèvres

bien que je ne parle à personne


y a-t-il 

une façon d'être soigneux

de quoi

du sud

en y allant


oui

bientôt

sur le chemin


petite 

lumière de l'amour

petite 

dure de l'amour


oui camélia

écoute légèrement

















Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage.
Henri Michaux , Face aux verrous.

Du "Dao" originel
du commencement du réel
des signes célestes
des formes terrestres
des règles saisonnières
de l'examen des choses obscures
des esprits essentiels
de la chaîne originelle
de l'art du maître
des évaluations fallacieuses
de l'équivalence des moeurs
des résonances du "Dao"
de l'inconstance des choses
des paroles probantes
de l'utilisation des armes
montagne de propos
forêt de propos
du monde des hommes
du devoir de se cultiver
de la synthèse ultime


"ô le plus violent paradis"

Libellés

" " (3x4) * & # 111 12 14 24 33T 3X3 4 5 64 64 fleurs de montagne 8 80fleurs A A.a.H A.L. A.R7 A.S. 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E.O E.P. EA EAIO EB écart énigme Echenoz échos Echos L.A. Eckhart Tolle Eco Ecosse écoute écritures Eddas EDG EDLCDS EDLF Edmond Jabès EIJS elle ELLEDIT ELLELL Elles Ellul Empédocle EN ENCORE encres et musique Encres et peintures Ennéade EnSof Entre entrelacs environnement Eons EPE épiphanies épistémologie EPLA ère ERRER Escher ESE Eshleman ESPA Espace Espitallier essais été Etel Adnan Etna étoile Etymologie Eucharistie Euler évangile Eventail Exergue F F.A. F.EAA F.O F.Pirates FAA Fable faits FAJ Faune Fayçal Fengliu feu Films FiniSol Finkielkraut FIVE Flore fmr FNAR Foligno Forest Foucault Fourcade Fourier FP FQPCC Fractales Fragme Fragments France François Cheng Frappat Frémon Fréquences Fugue Fuji G.C.L. 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