Dire oui à la vie
non comme un éclat d’enthousiasme
ni comme un optimisme forcé
mais comme une disposition intérieure
qui accueille ce qui vient
sans chercher à le simplifier
dire oui
c’est reconnaître la texture du réel
les aspérités les lenteurs
les clartés rares
les zones d’ombre persistantes
ce oui n’est pas approbation
ni soumission
c’est un consentement lucide
à la continuité du monde
à sa manière d’être
au-delà de nos attentes
il y a dans ce geste
une forme de sobriété
accepter que la vie ne se laisse pas réduire
qu’elle déborde nos plans
qu’elle invente ses propres trajets
dire oui à la vie
c’est se tenir dans l’ouverture
prêt à recevoir l’inattendu
à répondre plutôt qu’à résister
à poursuivre la route
même lorsque le sens se fait discret
ce oui-là
n’a rien de triomphal
il est calme presque neutre
comme un pas posé sur la terre
sans peur ni précipitation
et c’est peut-être ainsi
que l’existence devient plus dense
plus vraie
dans l’accord simple
entre ce qui arrive
et celui qui le rencontre

