La date d'une oeuvre opère comme une signature ou un titre. Elle rassemble des éléments disparates pour lesquels il n'y a plus de témoin - s'il y en a jamais eu. Aucun savoir, aussi détaillé soit-il, même pas celui du signataire, ne peut décrypter ces éléments. Ils forment une totalisation dont, désormais, seuls témoignent une date, un nom - et la cendre. Le poème peut encore être lu, mais comme un mot de passe incompréhensible, un schibboleth. Aucune connaissance ou tradition ne permet de restituer le moment unique, le lieu et les marques singulières d'"origine".
Le poème parle, mais il s'adresse à un autre qui le lira plus tard . Il y a aura un retour, une commémoration , voire une bénédiction de ce moment - mais l'énigme subsistera, intraduisible. La déchirure restera intacte. Ce qui reste du poème (sa restance ) est au-delà du savoir
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