Au Rozier, sur les rivières Tarn et Jonte, à la confluence des trois causses majeurs, le Sauveterre, le Méjan et le Noir, Edouard Martel est assis sur la terrasse de l'hôtel des voyageurs. C'est septembre. Il est dans la force de l'âge, il est tout près de réussir sa vie et il le sait, c'est cela qu'il se dit sur cette terrasse ensoleillée en septembre, entre le ciel vaste et les eaux qui miroitent en bas...
Il importe peu que le Gévaudan et l'Irlande soient les scènes où se jouent ces drames brefs. Ce qui importe, c'est qu'avec le monde on fasse des pays et des langues, avec le chaos du sens, avec les prés des champs de bataille, avec nos actes des légendes et cette forme sophistiquée de la légende qu'est l'histoire, avec les noms communs du nom propre. Que les choses de l'été, l'amour la foi et l'ardeur, gèlent pour finir dans l'hiver impeccable des livres. Et que pourtant dans cette glace un peu de vie reste prise, fraîche, garante de notre existence et de notre liberté. Ce peu de vérité mortelle qui brûle dans le coeur froid de l'écrit, la beauté chétive de l'une et la splendeur impassible de l'autre, voilà ce que je me suis efforcé de dire ici.
( p.Michon)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire