disent-ils, et la terre encore, peuplée de rocs et de racines, et plus bas la profonde naissance des sources, et puis encore les lits des roches l'un sous l'autre, plissés et tordus comme des draps de pierre, et le brasier commence où toutes choses se liquéfient dans la fournaise. Vérité certains jours peut-être , mais non ce soir : la route cernée par deux ornières d'eau n'est plus qu'une mince croûte de terre entre ciel et ciel. Que le regard s'élève, qu'il s'abaisse, les mêmes constellations brillent dans le noir de l'air liquide. Fais-toi léger, voyageur, ralentis ta marche suspendue entre la double Lyre et les deux Cassiopée. Ne cours pas, car si tu butais contre une pierre invisible, tu trouerais de tout ton corps ce sol qui te supporte à peine, plus délicat que la glace des étangs : tu tomberais vertigineusement à travers le ciel inférieur
Ne t'arrête pas non plus si tu ne veux rester pris jusqu'au genou dans le sable des étoiles !
Gustave Roud
Air de la solitude
poésie/Gallimard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire