nous embrassons le ciel avec toujours plus d'amour et d'ampleur et que de toutes nos branches, de toutes nos feuilles nous absorbons sa lumière avec une plus grande soif. Nous croissons comme les arbres - voilà qui est difficile à comprendre, comme tout ce qui vit ! - Nous croissons non pas à un seul endroit, mais partout, non pas dans une direction, mais tout autant vers le haut, vers le dehors que vers le dedans et vers le bas, - notre force agit à la fois dans le tronc, les branches et les racines, il ne nous appartient plus de faire quelque chose séparément ni d'être quelque chose de séparé... C'est donc là notre lot, comme je l'ai dit ; nous croissons vers le haut ; et cela dût-il même nous être fatal - car nous habitons de plus en plus près de la foudre ! - tant mieux, nous ne la tenons pas moins en honneur pour autant, et cette chose demeure ce que nous ne voulons ni partager, ni communiquer, la fatalité de la hauteur, notre fatalité...
Nietzsche
le gai savoir
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L.A. photographie,
le pin de la tourbière des Saisies, Fév.2009
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3 commentaires:
Je vais me permettre d'effacer cette première citation, il y a deux erreurs en allemand ('gestorben mir', et non pas 'gestoberben' ; et 'der Seeligen', et non pas 'des'). Comme c'est de la poésie (sacrée), et de Hõlderlin, ces fautes me font trop mal. Je vous envoie une correction, donc. [L'apprenti vit dans la distraction absolue, je me demande si la sagesse n'est pas simplement le fait de s'y faire... Heureusement, mon film avance, à pas aveugles, mais avance...]
Où sont les chants de Hölderlin, les douces collines du Neckar ?
"Jetzt aber sitz'ich unter Wolken (deren
Ein jedes eine Ruh' hat eigen).."
Les Dieux on été chassés. Leur spectre flotte dans les déserts de la post-modernité. Si elle a eu lieu quelque part, c'est bien ici l'incarnation du crime parfait.
"...und fremd ercheinen und
gestorben mir
der Seeligen Geister."
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Il faut n'être pas sérieux et en avoir l'air. Ou bien être sérieux sans en avoir l'air. Ceux qui conjuguent l'air et l'être sérieux, ceux-là sont insignifiants
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Raconter n'importe quoi à quelqu'un, c'est le transformer en n'importe qui. C'est exactement le travail de l'information
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Comme l'Étudiant de Prague retrouvait son image dans les fragments du miroir, ainsi les diverses singularités retrouvent leur image dans le miroir brisé de l'universel
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J'ai rêvé d'une tempête conceptuelle de force cinq qui soufflait sur le réel dévasté
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Rêve. Les arbres, les souches, les troncs entiers traversent le ciel horizontalement, tordus dans un flux aérien de vent immobile. Ils descendent le ciel comme le courant d'un fleuve, les branches se disloquant et flottant à la traîne comme des épaves. Les arbres tantôt sciés, tantôt arrachés, semblent les rescapés d'une tornade. Tous sont témoins de ce phénomène, mais personne n'est véritablement surpris
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En plein jour, une part de nous dort sans discontinuer. En plein sommeil, une part de nous veille sans répit. Ainsi peut-on tout en dormant avoir envie de dormir. En pleine vie, avoir envie de vivre
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L'orgasme muet du sourire...
Jean Baudrillard, Fragments
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