centre Pompidou Paris juin 2002
photographie Lynn Schwartz
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au commencement
l'être souffre dans un corps malade
les yeux tendus vers la lumière du plafond
aurore et crépuscule du Pacifique
non pas le seul jeu de lumière
mais la substance dont est faite la lumière
l'univers entier s'embrasse
il peint
il quitte la maladie
un glissando vertige
conduit à une réalité
où la réalité se dissout
la profondeur est sa préoccupation
il est hanté par le blanc souci de toile
la blancheur céleste est chez elle
il prend le parti de l'infini
illusions
profondeur ineffable
variations
effets atmosphériques
fines couches de peinture
anonymats lumineux et aériens
la peinture en subtilité déployée
amène
les parages du vide
comme un rideau
elle dévoile en voilant
l'aveuglante blancheur
danse
elle abolit la gravité
la banquise avance
absorbe les fantômes sans les faire disparaître
accompagne
vers le plus d'ouverture
par-dessus doutes et angoisses
éclosions transparentes
le bleu adorable
du ciel et de la mer
des rêves éthérés ou charnels
étend ses lacs limpides et vivaces
taches touches coulures
participent à l'alchimie
rendre grâce à la lumière
l'esprit progresse
l'artiste intériorise le monde extérieur
étend son monde intérieur
prend le pouls de l'univers
épouse son souffle
il relie le fini à l'infini
par la couleur aborde l'espace
l'espace c'est la couleur
la couleur essence
de la lumière matière
démiurge
il sait d'instinct que l'espace et le temps
sont d'un seul et même tenant
toujours nous sommes au centre de l'espace
toujours nous sommes au centre du temps
(sources pour élaborer ce texte : Sam Francis; les années parisiennes 1950 - 1961; catalogue galerie nationale du jeu de paume/réunion des musées nationaux 1995)
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