Avec une très originale acuité,
Michel Cournot critique ainsi un film de Robert Bresson : ...les créatures de Balthazar passent le plus clair de leur temps à ouvrir, fermer et repasser des portes. Il suffit d'être un tant soit peu sensible à la transcendance, pour voir qu'une porte n'est pas simplement une ouverture pratiquée dans un mur, ou un assemblage de pièce de bois qui peut pivoter sur ses gonds. Selon qu'elle est fermée, ouverte, fermée à clef, battante, une porte est, sans changer de nature, présence ou absence, appel ou défense, perspective ou plan aveugle, innocence ou faute. Nous regardons une porte fermée : un être, qui est encore hors champ, s'en approche ; nous avons à peine eu le temps de voir son ombre portée sur la porte que, déjà, il l'a poussée et s'est éclipsé derrière : une présence, un acte, une intention sont ainsi représentés sans exhibition profane par la cinématographie simple d'une surface pure qui a bougé. Dans l'état d'esprit bressonien, universel se dit oecuménique : il n'est pas d'image plus oecuménique de l'immanence de la vie que celle d'une porte ouverte et refermée : une porte permet aussi de signifier sans déchoir. ( le nouvel observateur 1966)
L.A. photographie, les Saisies, mars 2009
.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire