Le 20 janvier, Lenz s'en alla par la montagne. Les sommets et les hautes étendues montagneuses sous la neige, pierraille grise jusqu'en bas dans les vallées, surfaces vertes, rochers et sapins.
Il faisait un froid humide ; ruisselant des rochers, l'eau sautait sur les chemins. Les branches des sapins pendaient, lourdes dans l'air moite. Au ciel passaient des nuages gris, et tout était si opaque... Puis la brume se levait et se traînait pesante et moite sur les buissons, avec tant de paresse, tant de lourdeur.
Il poursuivait indifférent sa marche, peu lui importait le chemin, qu'il monte ou qu'il descende. La fatigue, il ne la ressentait pas ; simplement, il lui était désagréable, par moment, de ne pouvoir marcher sur la tête.
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" Je me suis procuré ici toutes sortes de notes intéressantes sur un ami de Goethe, un malheureux poète nommé Lenz (...) qui est devenu à moitié fou. "
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Georg Büchner est mort en 1837, à 24 ans ; son théâtre s'est vite imposé comme l'un des plus fort, des plus troublant du XIX è siècle. Lenz, publié après sa mort en 1839, retrace le processus interne de la démence qui s'empare d'un jeune poète. Les expressionnistes ont vu dans cette nouvelle un joyau, comparable à l'oeuvre de Kafka.
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Georg Büchner : Lenz ; traduction de l'allemand et postface de Lionel Richard
édition .MILLE.ET.UNE.NUIT.
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